Pour Jean-Louis Beffa, natif de Nice, ancien PDG et président d'honneur de Saint-Gobain, la France doit prendre exemple sur quatre pays qui tirent leur épingle du jeu dans la mondialisation.

BEFFA NICE INDUSTRIE COMMERCE - Japon, Corée, Chine, Allemagne, quels points communs entre leurs entreprises ? « Au lieu d'avoir adopté un mode de capitalisme libéral et financier, elles pratiquent un capitalisme industriel et commercial, caractérisé par des actionnariats à long terme, le refus et les barrières mises à la spéculation des banquiers londoniens. Ces pays se préoccupent de l'économie réelle, ce sont des mercantilistes, qui donnent la priorité à l'industrie et au commerce extérieur.» D'après le polytechnicien, il existe un véritable ressort national et un soutien aux grands groupes par le pouvoir politique.

«La concurrence internationale dans les métiers mondialisés ne va plus être inter-entreprises, mais inter-Etats. Et leur force de frappe, ce sera les grands groupes nationaux. Si l'on n'intègre pas ce facteur, qui change toute une partie de nos règles du jeu, on sera incapable de répondre.» Le recours au protectionnisme ? Pas dans l'immédiat : «le protectionnisme, ça marche pour les forts. Pas pour les moins forts. Il faut avant tout muscler nos entreprises». En s'inspirant des Allemands, à commencer par placer l'entreprise au cœur de l'éducation. Et donner plus de flexibilité, aussi bien aux PMI qu'aux grands groupes, en donnant une place aux syndicats dans les conseils.

Il conviendrait donc de réconcilier les grands groupes avec l'emploi et l'investissement : « il faut donner des aides à la recherche et développement des entreprises, et qu'en échange elles fabriquent en France. Mais pas seulement : comme en Allemagne, il faut produire à domicile le haut de gamme, là où l'on peut se permettre d'avoir des salaires élevés. Car la vraie compétitivité, c'est la capacité des entreprises à vendre sur la planète des produits qu'elle fabrique avec des salaires élevés. Chez Volkswagen par exemple, les composants viennent d'Europe de l'Est, mais le montage est fait en Allemagne. C'est ce bi-équilibre entre le territoire national et les pays émergents qu'il faut maintenir.»

Et Jean-Louis Beffa d'approuver les mesures Ayrault : « c'est la première fois que la France donne la priorité au producteur par rapport au consommateur. Ça n'est pas un pacte de compétitivité car ça ne résout pas le problème industriel, mais c'est un pacte de confiance avec les entreprises. Ce crédit d'impôt qui baisse les charges pour les entreprises, et que l'on paye par la TVA, c'est une mesure courageuse de redressement. Mais c'est insuffisant. Il faudrait, évidemment, réussir la négociation sociale, et baisser la dépense publique (…) Il faut renverser la facilité que nous avons résolue par un endettement qui est arrivé à sa limite. On a fait un premier pas, mais il reste des étapes.»

Le Niçois, ancien PDG et président d'honneur de Saint-Gobain, est venu faire partager aux entrepreneurs ses idées sur le renouveau industriel, lors d'une conférence donnée dans les locaux de la BPCA le 19 novembre.

Tout au long de sa carrière, Jean-Louis Beffa grand capitaine d'industrie, n'a jamais perdu le contact avec Nice. Il est un fin connaisseur de l'histoire du Comté de Nice, un érudit incollable. 

Lizza Pailler
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