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arson-villaÉCLAT CINEMA NICE ARSON - Marianne Khalili-Roméo directrice de l'association niçoise L'éclat ne change pas une formule qui gagne. La saison passée, les 90 séances proposées avaient attiré 6 000 personnes et il n'y a aucune raison pour que le menu affiché cette année inverse la tendance. Évidemment, si vous allez au cinoche pour y retrouver Christian Clavier dont vous regrettez le départ en Britanie - HoqKay ! - passez votre chemin… La substance de ce qui est projeté à la villa Arson est destiné à secouer le cocotier des codes et à décapsuler, décaloter les esprits. Cette semaine le cycle sera « Carrément politique ! » avec un focus sur « Guy Debord, l'irrécupérable » certes bien connu des spécialistes mais en novembre du neuf, un cycle « Jeune Algérie ! » qui, nous dit-on, fera la part belle à de nouveaux cinéastes.
En janvier se tiendra un workshop de Bertrand Bonello "L'Apollonide, souvenirs de maison close" destiné aux étudiants et artistes. Aller au bordel avec Bonello et découvrir un cinéma, qui comme celui de Pasolini, entrecroise les questions sexuelles et politiques, c'est encore possible à Nice, profitez en. 

Guy Debord, l’irrécupérable * - Edito de Guy Scarpetta

A travers deux de ses films majeurs, La Société du spectacle (1973) et In girum imus nocte et consumimur igni (1978), ainsi qu’un documentaire en forme de portrait réalisé pour Canal+ en 1994, et qu’il a contrôlé de part en part, c’est une découverte de Guy Debord qui est ici proposée ; c’est-à-dire d’une aventure intellectuelle, artistique et politique rigoureusement hors des normes, en guerre incessante contre l’ordre établi.

Guy Debord ne s’est jamais voulu cinéaste : le cinéma, pour lui, participait de ce règne du spectacle qu’il n’a cessé de combattre. L'intuition première : nous n'avons plus guère de relations avec la réalité qu'à travers les représentations manipulées, falsifiées, que la société nous en donne ; de plus en plus, l'expérience directe du monde nous est refusée.

Le « spectateur », dès lors, n'est plus que l'autre nom du sujet aliéné : « Qui regarde toujours, pour savoir la suite, n'agira jamais; et tel doit être le spectateur. »

D'où, dans un premier temps, le rejet violent de l'art, quel qu'il soit, et la nécessité de faire passer la poésie directement dans la vie.

La culture de masse qui nous est imposée par le marché ? Rien d'autre à faire, en poursuivant la grande leçon de Lautréamont, que la détourner, en dérobant au spectacle ses armes pour les retourner contre lui.

Le cinéma, dès lors, laisse entrevoir ce qu'il aurait pu devenir s'il n'avait pas été soumis à la tyrannie du spectaculaire : essai, traité, manifeste politique, pensée en acte.

D'où, aussi, la politisation accentuée du propos : rejet violent d'une situation où les maîtres du monde sont aussi les maîtres de sa représentation. L'action situationniste sera le véritable foyer souterrain de Mai 68, son incandescence secrète.

Puis, face à l'immense régression (dans tous les domaines) que nous subissons depuis une trentaine d'années, ce sera l'époque de livres brefs, implacables (dont les éblouissants Commentaires sur la Société du Spectacle, 1988), qui constituent sans doute le meilleur outil intellectuel dont nous disposions encore aujourd'hui pour comprendre notre époque. Absorption de l'état par le marché, renouvellement technologique incessant comme principe d'asservissement, modèle mafieux généralisé, destruction délibérée de toute conscience historique, règne du « faux sans partage » et du « présent perpétuel » : nous y sommes.

Ceci, pourtant : « Toutes les révolutions entrent dans l'histoire, et l'histoire n'en regorge point ; les fleuves des révolutions retournent d'où ils étaient sortis, pour couler encore. »

Guy Scarpetta

* Titre d’un article de Guy Scarpetta écrit à l’occasion de la publication des Œuvres complètes de Guy Debord
Paru dans Le Monde diplomatique, numéro d’août 2006

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//  Mercredi 10 octobre  //

Mercredi à 18h

Debord, le dépassement de l’art - Conférence de Guy Scarpetta

Qui était Guy Debord ? Le chef de file d’une avant-garde, à la fin des années cinquante, qui entendait à la fois dépasser l’art et l’achever ? Le promoteur du “détournement”, de la “dérive” ? L’héritier du lettrisme ? L’animateur de cet étrange mouvement souterrain, nommé “Internationale situationniste” qui influença la part la plus incandescente de Mai 68 ? Le dandy désabusé des derniers textes, livrant un constat implacable sur le triomphe planétaire du Spectacle, c’est-à-dire du règne sans partage de la marchandise, devenue autonome ? Ou bien un révolutionnaire qui n’eut jamais d’autre objectif que d’analyser l’ordre établi, afin de lui nuire ? Celui qui s’est servi des armes du cinéma pour détruire le cinéma de l’intérieur ? Et pourquoi cela nous semble-t-il terriblement actuel ? Sommes nous condamnés à être les spectateurs du monde, au lieu d’être les acteurs de notre vie ?

Mercredi à 20h

La Société du spectacle de Guy Debord (1973, 1h28)

Intervention de Guy Scarpetta - débat animé par Eugenio Renzi

A partir de documents d’actualité et de films publicitaires, Guy Debord démonte la mécanique de la société de consommation, appliquant en cela les principes situationnistes, dans toute leur portée subversive. A propos de ce film, Debord écrivait avec humour : “Les spécialistes du cinéma ont dit qu’il y avait là une mauvaise politique révolutionnaire ; et les politiques de toutes les gauches illusionnistes ont dit que c’était du mauvais cinéma. Mais quand on est à la fois révolutionnaire et cinéaste, on démontre aisément que leur aigreur générale découle de cette évidence que le film en question est la critique exacte de la société qu’ils ne savent pas combattre ; et en premier exemple du cinéma qu’ils ne savent pas faire.

//  Jeudi 11 octobre  //

Jeudi à 18h

Guy Debord, son art et son temps de Brigitte Cornand, sur un scénario de Guy Debord (1994, 60’)

Intervention de Guy Scarpetta - débat animé par Eugenio Renzi

Guy Debord accepte le projet de film de Brigitte Cornand qui répond à une commande de Canal+, tout en posant des conditions très précises. C’est lui qui fournira toute la matière du film, en se posant comme le seul apte à juger de lui-même :
« Je ne veux entendre, ni ne veux que vous entendiez vous-même, de quiconque, aucune sorte de remarque, même élogieuse. Il serait en effet impensable que je reconnaisse implicitement à qui que ce puisse être, la plus minime compétence, ni la moindre qualité pour rien juger de mon œuvre ou de ma conduite ».

Guy Debord se suicidera avant la diffusion du documentaire.

Projection précédée de

Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps de Guy Debord (1959, 20’)

projection animée par Guy Scarpetta

Film “expérimental” réalisé comme un “documentaire à l’envers”, la caméra alterne les plans vagues et des vues en extérieurs où l’évitement systématique de tout élément “digne d’intérêt” (fuite du cadrage dès qu’il rencontre de l’action ou un monument) crée une sensation de malaise renforcée par des commentaires volontairement “ineptes” phrases détournées, citations classiques mélangées à des dialogues puisés dans un film de science fiction…

Jeudi à 20h

In girum imus nocte et consumimur igni

de Guy Debord (1978, 1h35)

Intervention de Guy Scarpetta - débat animé par Eugenio Renzi

“Je ne ferai, dans ce film, aucune concession au public.” Dès la première phrase, prononcée par Debord dans son film, nous sommes interpellés dans notre position de spectateur. Les extraits de films de fiction, fragments d’actualité, documents personnels, sont dominées par la voix de Guy Debord qui nous parle de lui, de Paris, de notre société dont il n’a cessé de critiquer l’évolution. Le texte nous met en lien avec les images, créant un rapport trouble sur le mode de l’analyse et de la représentation critique.

Le théoricien de l’activité situationniste ne nous convie pas à un simple spectacle cinématographique, mais à une expérience de spectateur de cinéma actif, incarné dans la société dont il est responsable.

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L’ECLAT -
Grand Amphi de la Villa Arson
20 avenue Stephen Liégeard
06100 Nice

Tramway arrêt “Le Ray” / Bus 4 & 7 arrêt “Deux Avenues”
Parking gratuit en face de la Villa Arson (IUFM)

Entrée libre sur adhésion à L’ÉCLAT (5 €)

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