PRESSE ENTREPRISE SOPHIA - Entreprises, n’ayez pas peur de la presse !
En l’Espace Antipolis au coeur de Sophia près de Nice, le thème central des dernières Entreprenariales organisées par l'UPE 06, qui portait sur les relations entre les médias et les entreprises, a suscité l’intérêt des dirigeants, tantôt frileux, tantôt voraces.
En plein Etats généraux de la presse, le salon des entrepreneurs de la Riviera Côte d'Azur ne pouvait faire l’impasse sur ce thème propre à générer les débats, car entre médias et vie économique les rapports sont complexes et les critiques nombreuses. On reproche aux premiers de ne s’intéresser qu’aux grands groupes. On reproche aux seconds de ne pas toujours jouer franc jeu au petit manège des questions-réponses. Pourtant, qu’est-ce qu’un journal ou une radio, sinon… une entreprise ? Fort de cet évident constat, il faut cependant avouer que dans la majorité des cas, les relations entre les deux « mondes » sont plutôt bonnes. Et qu’aujourd’hui, un dirigeant rechigne rarement à donner son chiffre d’affaires en pâture aux lecteurs ou auditeurs, ce qui ne fut pas toujours vrai.
Pour Sylvain Rouget, directeur de la communication à la CCI, « pratiquer la politique de l’autruche avec la presse est la pire des choses à faire. C’est même ce qui provoque les rumeurs », dont on connaît les méfaits sur la vie d’une structure. CCI qui au niveau national a mené une enquête sur la communication des PME (de 50 à 500 salariés), pour faire un état des lieux de ces relations que l’on dit volontiers conflictuelles en méconnaissance de cause, s’appuyant souvent sur le reflet politico-médiatique bien plus sulfureux. « Aujourd’hui, refuser la communication me paraît même inquiétant », confie Sylvain Rouget.
Selon l’étude de la CCI, seul 1/3 des PME auraient une véritable stratégie de communication. Pour les deux autres tiers, les raisons de ce refus sont multiples : pas de culture d’entreprise, pas une priorité, pas de budget ou pas de besoin… Pour 18% d’entre elles, cela n’apporterait rien. « Faux » pour Patrick Sure, de la société ASK, qui s’est acquittée avec succès de la mise en place de la billetterie pour les JO de Pékin. « Il faut communiquer, mais pas n’importe comment. Pour une entreprise comme la nôtre, qui réalise 70% de son chiffre d’affaires à l’international, il faut plutôt tabler sur les médias spécialisés. Mais ce qui nous a fait connaître du grand public, c’est la visite sur notre site de Nicolas Sarkozy. Télés, AFP… l’effet a été immédiat. » Résultat : une moyenne mensuelle d’une vingtaine d’articles sur ASK, tous supports confondus. Le « coup de pouce » présidentiel ? Pas seulement : « Derrière, il y a une vraie construction, il y a du savoir-faire. » Interne ou externe, la communication, de l’avis général, est indispensable à une PME dynamique. Reste la question du budget…
Une question soulevée par Paul Barelli, vice-président du Club de la Presse Méditerranée 06 et correspondant du Monde : « Il faut resituer le contexte actuel, très anxiogène. » Si les dirigeants rechignent à s’offrir un budget comm’, le principe s’applique aussi à la presse : « Les grands journaux ont encore les moyens de travailler, pour les autres, c’est plus dur. Et souvent, on demande au journaliste des ne souligner que les côtés négatifs de l’info. Ce qui n’est pas forcément compatible avec notre éthique. C’est aussi un vrai débat. »
Aux critiques de Véronique Pince, de Fier Entreprendre, qui stipulait qu’un créateur n’avait pas le temps matériel de s’occuper de sa communication et que les journalistes n’étaient pas toujours disponibles pour eux, Gérard Clétil, rédacteur-en-chef de l’Avenir Côte d’Azur et meneur de débats,rappelait les efforts consentis par les journaux de « proximité », tels les nôtres, en faveur de ces nouveaux chefs d’entreprise qu’il faut épauler.
La recette, pour ne pas se faire épingler par une presse qui souffre de plus en plus d’un manque de finance couplé à un professionnalisme laissant à désirer (l’un impliquant l’autre) : trouver la faille, l’originalité, le « petit plus » qui attirera le gratte-papier sans arrière-pensée aucune. Malongo l’a fait, en misant toute sa comm’ sur la commerce équitable. Koné aussi, en tablant lui sur la corde sociale. Et ça marche…
Les outils à la disposition des entreprises sont nombreux : agences, business plan bien ficelé ou référencement judicieux sur internet. Et le conseil des professionnels est unanime : le fait de ne pas communiquer avec la presse se paie un jour… A votre bon cœur, Messieurs les chefs d’entreprise… Donnez-nous des infos pour vivre et vivez grâce à nos infos, l’équilibre n’est pas si fragile qu’il y paraît. Surtout en période de crise.

Isabelle AUZIAS
LA TRIBUNE