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NICE TILLON VEIL CÉSAIRE Femmes et homme d’exception TILLON VEIL CÉSAIRE - Quelques femmes et hommes d’exception…
Submergés par les flots de l’actualité, surinformés que nous sommes, il s’avère salutaire, parfois, de marquer une pause. Et remettre en perspective l’itinéraire singulier d’hommes et de femmes d’exception. Pas forcément célèbres. Leurs silhouettes se profilent sur la scène médiatique, de manière si furtive qu’il faut déployer une vive attention pour les distinguer. Il en est ainsi de Germaine Tillon. Plus qu’un devoir de mémoire, il devrait être question d’un devoir de reconnaissance à son égard.
Cette ethnologue et résistante, décédée le 19 avril, à son domicile de Saint Mandé, alors qu’elle allait atteindre les 101 ans, s’inscrit parmi les personnalités « d’exception » comme la qualifiée Nicolas Sarkozy. Pourtant, elle n’est pas très connue du grand public..
Sa destinée, au cœur de notre histoire, mérite d’être mis en exergue sans verser dans les travers émotionnels dont nous abreuvent certains médias. Femme de combat, Germaine Tillon, le fut tout au long de son existence. « Il suffit d'une seconde, écrivait-elle, pour qu'une vie bascule. Devenir un salaud ou un héros, à quoi cela tient-il ? Après, le 'choix' étant fait, on doit s'y tenir".
Elle dénonça les totalitarismes, sous toutes leurs formes dans de nombreux ouvrages ainsi que la torture, en particulier en Algérie où elle mena des recherches d’ethnologue dès les années 1930. Mais elle s’est imposée également en tant que grande Dame de la Résistance. En 1940, au cœur de la débâcle, lorsque le maréchal Pétain demande l’armistice à l’Allemagne « Ce fut pour moi un choc si violent que j’ai dû sortir de la pièce pour vomir » dira-t-elle dans « La traversée du mal ». Elle s’engagera alors dans la Résistance dont elle organisera un des tous premiers réseaux celui du Musée de l’Homme. Arrêtée en 1942, elle est incarcérée en France, avant d'être déportée un an plus tard dans le camp de Ravensbrück, en Allemagne, d'où elle ne sortira qu'en 1945, après y avoir perdu sa mère.
Simone Veil a subi une tragédie similaire. C’est à Bergen-Belsen que sa mère, Yvonne, a été victime des nazis. L’ex-présidente du parlement européen ne partage pas avec Germaine Tillon seulement le courage et la force des rescapés des camps de la mort. Ces deux femmes exemplaires n’ont jamais renoncé à aucune de leurs valeurs. Niçoise, Simone Veil, le 20 avril, se trouvait dans sa ville natale en tant que présidente d’honneur de la 59 ème conférence du district du Rotary International. L’ancienne ministre de la santé a évoqué, en particulier, le rôle de la femme dans notre société, soulignant avec ironie à propos de la parité : « Elle n’existe que pour certaines élections ! ». Preuve qu’elle ne s’est pas rangée sous la bannière trop visible de la langue de bois, comme l’atteste sa passionnante autobiographie « Une vie » chez Stock.  La vie d’Aimé Césaire, elle aussi, fut exceptionnelle. Et l’hommage officiel que la France a rendu à ce monument de l’histoire martiniquaise était justifié. Tous ceux qui ont eu la chance de rencontrer cet immense poète de la « négritude », compagnon de Léopold Sédar Senghor, ont été impressionnés par sa capacité d’écoute. Son humour. Jean-Marc Giaume, le président de la Fédération des associations du Comté de Nice, qui figure parmi les ardents, et sincères défenseurs du patrimoine et la culture niçoise a pu dialoguer avec Aimé Césaire. Le 18 janvier, lors d’un séjour privé à Fort de France, il n’imaginait pas rencontrer le poète âgé de 94 ans afin d’évoquer les deux cultures martiniquaise et niçoise. Giaume, persuadé que ce serait difficile, a voulu déposer une lettre destinée à Aimé Césaire. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce dernier l’a reçu dans son bureau de l’ancienne mairie. En toute simplicité chaleureuse. Il a resitué, dans toutes ses facettes, avec passion, la culture martiniquaise. Et il s’est intéressé à la culture nissart, en particulier à la défense des langues régionales. Aimé Césaire m’a demandé de lui lire un poème en niçois. Ce que j’ai fait. « J’ai tout compris !», a plaisanté le poète qui connaissait bien l’histoire de Nice.
Il m’a alors dédicacé un recueil de ses poèmes. Il a écrit « Qui sauve une langue, sauve une culture. Bref, sauve l’homme.. »

 

Paul Barelli

Le Petit Niçois


 

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