PACA CRISE - Sous l’impulsion de Michel Vauzelle, président de la région PACA, une concertation s’engage dans le département des Alpes Maritimes. Elle se voulait collective, mais…

Drôle d’ambiance dans les salons de la CCI Côte d’Azur à Nice, qui accueillaient l’initiative régionale : une concertation associant l’ensemble des collectivités territoriales en charge de la compétence économique, pour définir une stratégie commune. Une concertation basée sur l’échange et le dialogue. Et un discours introductif du président de Région écourté par l’énorme retard de Christian Estrosi et de ses troupes niçoises, retenus par… une imprévue conférence de presse, en mairie, à la même heure, en raison d’un report du conseil municipal. Stupéfaction dans les rangs des participants. Et bonne figure de Michel Vauzelle, qui semble-t-il n’a pas pris cette défection comme une impolitesse, en tout cas en public, excusant un maire de Nice qui n’aura malheureusement pas le temps de prendre part aux débats, poussé par d’autres obligations hors des murs consulaires juste après les congratulations d’usage. La tablée, bien que lourdement amputée, n’en a pas moins dressé bilan, perspectives et objectifs, prônant « un développement économique équilibré, c’est à dire réparti sur l’ensemble du territoire. » Dans la balance, les 550 M€ d’investissement dégagés par la Région en 2008. Et Michel Vauzelle de rappeler, le lendemain de l’annonce gouvernementale de soutien pour 26 milliards d’euros, que les collectivités territoriales assuraient aujourd’hui 73% de l’investissement public.

Le tour de table a commencé par quelques remerciements à l’instance régionale, en particulier pour son soutien à l’agriculture, par quelques critiques aussi : des délais de paiement de la commande publique jugés trop longs, qui peuvent créer de grosses difficultés pour les PME. Bernard Monier, représentant la CASA, confirmait que les indicateurs n’étaient pas au beau fixe : un tourisme calme, un commerce de proximité vivotant, mais surtout une baisse affichée de l’activité dans des secteurs précis, comme l’aide à la personne ou l’immobilier. Même inquiétude pour André Aschieri, maire de Mouans-Sartoux : « je constate sur ma commune que le chômage redémarre, surtout pour les emplois les plus précaires, et parmi eux les femmes, premières touchées. » Et une solution : « en chinois, crise signifie aussi opportunité. Ce n’est pas une crise, c’est une mutation de société. Ce qui peut nous sauver ? La qualité, une prise de conscience qui seule peut générer de l’emploi. » Le moral de Dominique Estève n’est pas non plus mirobolant : un trafic aéroportuaire en baisse par rapport à 2007 (-1%), et de difficiles prévisions sur 2009, misant sur une stabilité toute relative grâce à quelques atouts locaux (destination réputée sûre, beaucoup de low cost). 

Pour Michel Vauzelle, l’objectif est atteint : pas de catastrophisme inutile, une bonne dose de positive attitude, et « une vraie volonté d’éviter de monter les collectivités locales les unes contre les autres » (tout au moins pour les présentes…). Des certitudes aussi : « notre région a réalisé au cours des huit dernières années des performances assez remarquables d’un point de vue économique. PACA est deuxième pour le taux de créations d’emploi, et troisième par son taux de création d’entreprises. (…) PACA compte 9 pôles de compétitivités labellisés au plan national, et son activité touristique la place juste après Paris. Il serait toutefois illusoire de penser que nous sommes à l’abri de la crise. Nos territoires entrent, à leur insu, dans la conjoncture issue de la mondialisation. » Indicateurs inquiétants : le ralentissement du BTP, de l’hôtellerie haut de gamme ou du trafic aéroportuaire, mais également l’amorce d’une nouvelle vague de plans sociaux (Texas Instruments, NXP). « Les effets en pèsent sur les salariés concernés, mais aussi sur tout le tissu local de sous-traitance qui leur est attaché. » Puisqu’on ne peut éviter la crise, il s’agit d’en amortir les conséquences. « Aider les entreprises en difficulté, renforcer l’accompagnement des créateurs et repreneurs. Mais aussi, et tout autant, à éviter qu’elles ne se replient sur elles-mêmes, et ne poursuivent pas leurs investissements, notamment dans l’innovation, secteur hautement stratégique, ainsi que dans l’export. Si tel était le cas, nous aurions, à l’issue de la crise, un tissu économique réduit à l’état de lambeau. » Fonds régional de garantie (en partenariat avec OSEO) rehaussé jusqu’à 80%, prêts à taux 0 pour les entrepreneurs, subventions pour les exploitations agricoles et l’artisanat en général, Michel Vauzelle compte sur les grands projets structurants pour épauler les aides en investissement des collectivités : OIN, aménagements routiers, infrastructures ferroviaires, tram’, programme de prévention contre les inondations en vallée du Var, stations d’épuration, constructions universitaires… Et Jeux Olympiques. 

Malgré sa très courte apparition, Christian Estrosi s’est voulu, quant à lui, encore plus rassurant : « Entreprises, ne licenciez pas, tenez bon, la commande publique sera au rendez-vous ! » Et tous ces investissements publics combinés pourraient constituer un levier bénéfique. Si la baraka, l’entente cordiale (et les JO) sont avec nous…

Isabelle Auzias
La Tribune Bulletin Côte d’Azur