AFFAIRE LE ROUX AGNELET - Le procès de
Maurice Agnelet n’a pas permis d’élucider la disparition d’
Agnès Le Roux L’énigme de la disparition d’
Agnès Le Roux demeure opaque à l’issue de quatre semaines de procès de
Maurice Agnelet. Vingt-neuf ans après la Toussaint 1977, à Nice la cour d’assise des
Alpes-Maritimes qui a exploré au microscope ce dossier s’est heurtée à une difficulté majeure : le temps. L’imprécision de nombreux témoignages a donné, parfois, aux audiences l’allure d’un théâtre d’ombres. La machine judiciaire a peiné à remonter les années perdues d’une enquête chaotique dont furent chargés sept juges d’instruction.
Quel que soit le verdict - qui n’a pas été prononcé au moment où ces lignes sont écrites - aucune preuve formelle nouvelle n’a surgi à l’audience. Certes, le dossier d’accusation s’est renforcé à l’encontre de
Maurice Agnelet, empêtré dans ses contradictions, mensonges ou revirements. «
Il ment sur tout » a martelé
Me Georges Kiejman, avocat de la famille
Le Roux.
En témoigne un simple enregistrement que les jurés ont écouté, figés dans le silence. Il s’agit d’une longue conversation téléphonique enregistrée par
Agnelet. Elle illustre crûment sa froideur et son cynisme à l’égard d’
Agnès. Son frère, Jean-Charles le contacte le 14 mars 1978, inquiet d’être sans nouvelles de sa sœur depuis près de cinq mois. Agnelet prétend, tout d’abord, qu’il n’est pas inquiet puis, au fil des minutes, assure le contraire.
Par petites touches, l’ex-avocat oriente les soupçons vers la mère d’
Agnès, sous entendant qu’il tient cette piste des policiers : «
comme par hasard, susurre-t-il, l’absence d’Agnès profite à Renée Le Roux. ! Tu peux te rassurer ce n’est pas moi qui la séquestre ! ». Avec un aplomb surprenant Agnelet assène : «
si elle me contacte et qu’elle me dit de ne rien te dire je te le dis ».
Ces petites phrases témoignent de l’énigmatique personnalité de cet homme qui «
alterne violence calibrée et séduction » selon l’expert psychiatre. Confronté au double témoignage de sa maîtresse
Françoise Lausseure qui confirme devant la cour lui avoir fourni un faux alibi pour justifier sa présence à la Toussaint 1977 à
Genève où il n’était pas. Ce qu’affirme également une amie de
Françoise Lausseure qui l’avait accompagnée. Agnelet rétorque avec assurance : «
je n’ai jamais demandé un tel alibi ». En revanche face aux jurés, à un moment, il s’est laborieusement repenti : «
Je suis plein de regret de n’avoir pas su mieux aimer Agnès ».
L’étau judiciaire s’est resserré de quelques crans autour d’
Agnelet. Décrit comme «
menteur, faussaire », à la personnalité «
narcissique et perverse », d’après l’expert psychiatre,
Agnelet, selon
Me Georges Kiejman, l’avocat de la famille
Le Roux «
a éliminé Agnès pour deux motifs, sécurité et liberté, qu’il a inscrits à des dates clés sur les livres de la Pléiade. Il n’avait pas de sécurité sans l’argent de sa maîtresse 3 MF de l’époque représentant actuellement 3 millions d’euros. Il n’avait pas de liberté sans la mort d’Agnès ».
Le procès a démontré qu’il ne peut pas ignorer ce qu’il est advenu d’
Agnès au cours de la Toussaint 1977. L’a-t-il assassiné pour autant ? Le cœur du dossier judiciaire est là. La cour d’assise a laissé la porte ouverte à l’hypothèse d’une simple «
complicité » puisque les jurés ont eu à répondre à une question subsidiaire : «
Maurice Agnelet est-il coupable d’avoir donné des instructions en vue d’assassiner Agnès Le Roux ?». Cette question a apporté de l’eau au moulin de la défense :
«
La cour ouvre de manière béante le doute. Cette hypothèse - la complicité - pose les mêmes questions de principe que la question principale de l’assassinat. Quelles sont les instructions qu’aurait données Maurice Agnelet, quand, à qui, comment ? ».
Autant d’énigmes dans l’énigme. Fallait-il, pour autant, renvoyer l’ex-avocat devant un jury populaire. La lecture du dossier d’accusation suffit à répondre par l’affirmative. La justice est passée. Forcément de manière imparfaite, vingt neuf ans après. On ne saura, cependant, jamais dans quelles circonstances
Agnès est morte, cette jeune femme, comme le disait
Me Kiejman dont «
l’éclat de rire manque à tout le monde ».
Paul Barelli
Alpes Maritimes
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