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13-juin-2010-niceLes cérémonies marquant le 150e anniversaire de l'annexion du Comté de Nice à la France sont désormais presque toutes derrière nous (à l'exception notable des manifestations prévues pour célébrer la visite du couple impérial à Villefranche et à Nice les 12 et 13 septembre 1860) et il est temps d'essayer d'en tirer un bilan…
Bof ! Force est de constater qu'elles ne laisseront pas un souvenir impérissable dans la mémoire collective des Niçois de souche ou d'adoption, surtout ceux qui sont en âge d'avoir connu celles de 1960 ! La visite du général De Gaulle reste, cinquante ans après, gravée dans les esprits alors qu'on a vite oublié celle de Nicolas Sarkozy -qui, rappelons-le, n'est pas venu à Nice pour le 150e, mais pour le sommet franco-africain.
Et dire qu'on avait placé le point d'orgue des manifestations mi-juin pour s'accorder à l'agenda du Président !

Certes, on a élevé un monument, rebaptisé à la hâte "monument du 150e anniversaire", sans doute pour faire pendant au "monument du centenaire", quelques dizaines de mètres plus à l'ouest.
Sur le plan artistique, on en pense ce qu'on veut, là n'est pas le problème. Mais essayer de rattacher (pardon pour ce mauvais jeu de mot) cette oeuvre d'art, déjà ancienne, à notre histoire et à notre culture relève de l'escroquerie intellectuelle.
Quand les "communicants" essaient de faire passer une pilule, tous les moyens sont bons : comme faire des "Neuf lignes obliques" de Venet (c'est le nom officiel de l'oeuvre, imprimé sur l'une des poutres d'acier par l'artiste lui-même) le symbole des "neuf vallées du Comté de Nice".
J'ai eu beau relire tous mes classiques, depuis le baron Louis Durante en 1830, jusqu'à Raoul Blanchard en 1960 ("Le Comté de Nice", paru à l'occasion du centenaire de l'annexion), en passant par le manuel scolaire du prolifique Adolphe Joanne au début du XXe siècle ou celui de l'ami Jean Salomone plus récemment, j'ai eu beau passer des heures sur GoogleMaps et sur les cartes de l'IGN ou de Michelin, je n'ai jamais réussi à trouver neuf vallées (d'égale importance s'entend, pour que le symbole ait un sens) dans le Comté de Nice. On peut en dénombrer trois (Var, Paillon et Roya), si on ne prend en compte que les fleuves; sept en comptant les principaux affluents (Estéron, Tinée, Vésubie et Bévéra), quinze avec les secondaires (Cians, Roudoule, Tuébi, Levenza et les 3 branches du Paillon); voire même plusieurs dizaines en comptant tous les cours d'eau de la montagne niçoise; mais jamais ! au grand jamais neuf. Cette bourde n'est bien sûr pas très grave en soi, et n'aurait même pas justifié les quelques lignes ci-dessus si d'autres libertés d'interprétation de l'histoire et de la géographie n'avaient été prises, au même moment, toujours dans un but de médiatisation d'une action (pardon, à nouveau, pour la métaphore, mais employer le terme adéquat "propagande" aurait pu donner à ce texte une acception partisane :-) ).
Et hop ! on continue : dans l'encart publicitaire inséré dans Nice-Matin le 28 juin dernier pour fêter les 150 ans du Conseil Général des Alpes-Maritimes, nos grands communicants ont intégré, dans la longue liste des réalisations dues au département… l'ouverture du tunnel du col de Tende en 1880, qui, comme chacun ne le sait peut-être pas, n'est dans les Alpes-Maritimes (et encore, à moitié) que depuis 1947 !
Cerise sur le gâteau, le même Nice-Matin nous révèle, le lendemain, une sensationnelle découverte archéologique, justifiant une vraie demi-page : l'invention (au sens archéologique du terme) des fondations d'un monument exceptionnel, l'antique manufacture des tabacs construite en 1761, sous le régime sarde, et active ici jusqu'à son transfert rue Barla.
Wonderful (en nissart dans le texte), pourrait-on s'écrier ! Ouaip… Sauf que l'ancienne manufacture a été démolie il y a à peine plus de vingt ans avec la bénédiction d'une municipalité alors plus soucieuse de valeur spéculative que de valeur historique, et qu'on en connaît donc bien l'emplacement. On en possède même des photos et les plans d'origine (certes, conservés aux Archives de Turin) de l'architecte piémontais Benedetto Ferrogio ! C'est tout dire de la valeur historique -à ne pas confondre avec intérêt médiatique- d'une telle "découverte".
Quoi que… l'ancienne manufacture s'élevant à l'emplacement de l'actuel parking Sulzer, qui supporte (aucun jeu de mot là non plus) le monument du 150e anniversaire, elle pourra désormais devenir le réceptacle des huitième et neuvième vallées du Comté de Nice. Et hop (bis repetita…) ! la boucle est bouclée.
Et, tant qu'à jouer les Jean-Pierre Gauffre, autant suggérer à nos édiles de fusionner Conseil Général et Ville de Nice : en comptant la Vermenagna, qui prend sa source au col de Tende aménagé par l'un, on va presque arriver à trouver les neuf vallées de l'autre. En rajoutant le Tibre, vu le nombre de Niçois dont les ancêtres sont originaires de Città di Castello, le compte est bon.

 

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