FOOTBALL ÉTHIQUE - La suspension pendant un mois ferme de toutes leurs fonctions officielles du président de l’OGC Nice Maurice Cohen et de son homologue de l’AS Nancy Lorraine Jacques Rousselot par un Conseil National de l’Éthique sorti du coma et de la naphtaline dans lesquels l’avait plongé le ridicule de sa décision précédente sur un PSG-OM d’opérette, appelle quelques commentaires. Commentaire liminaire, mais que diable fout dans un comité Théodule aussi nul, Rocheteau. L’ange vert stéphanois, s’il n’y prend garde, va filer la métaphore façon Icare, jusqu’à voir fondre, comme cire au soleil, sa crédibilité footballistique acquise sur et autour des terrains.
Par les temps qui courent aimer le football relève de l’inconscience, de l’imbécillité ou du sacerdoce. Pour certains, des trois à la fois.
Quitte à passer pour un cuistre dans une chronique consacrée au football, le Conseil national de l'Éthique (CNE), moins on en a plus on l’affiche, devrait se pencher sur les oeuvres de René Girard, et prendre par exemple, le mythe d'Oedipe comme axe de réflexion. Parce qu'il a tué son père et couché avec sa mère, les hommes rendent Oedipe responsable de la peste qui sévit dans la ville. Et bien c’est faux, écrit René Girard, les hommes ont besoin d'un bouc émissaire pour trouver une explication à cette peste. C’est pourtant la raison pour laquelle Oedipe sera expulsé.La barbarie ordinaire est aux portes de nos cités, la violence gratuite et imbécile s’insinue dans nos rues et dans nos stades et l’on punit un président modérateur qui, dans son rôle, s’est attaché à responsabiliser et à pacifier, avec succès, un public niçois dont quelques éléments étaient prompts à la montée en température.
Rien ne justifie la violence, (encore une de ces formules creuses et vides de sens) mais l’injustice et l’incompétence sont à coup sûr des ferments de violence.
Est-ce que les arbitres, comme le juge d’Outreau, sont au-dessus de toutes critiques, est-ce que la liberté d’expression s’arrête dans la brume des vestiaires quand dans la lumière des terrains les caméras électroniques montrent et remontrent en boucle les erreurs des hommes en noir ? Est-il interdit de parler de compétence, de signaler l’inégalité de traitement qui existe à tous les coins de rue et pas seulement dans le football entre les faibles et les puissants ? Pour être exemplaire, la justice doit-elle se montrer injuste ?
Si le bouillant Antonetti a quelquefois franchi la ligne blanche (mais là encore que veut-on en fin de match, des déclarations sans saveur, d’ectoplasme sans passion ?) Maurice Cohen n’a fait que réagir avec et, après beaucoup d’autres, au fait avéré que cette saison «l’arbitrage d’élite» (encore une de ces formules creuses et vides de sens) avait été en maintes circonstances particulièrement aberrant. Que tout cela était porteur de problèmes, qu’il fallait sans tarder les régler avant qu’ils ne soient prétextes à débordements violents.
Et puisque l’argument principal pour la suspension semble être que le président d’un club doit être exemplaire, dans ce cas-là est-il exemplaire de fermer sa gueule?
Comme par hasard mais cela n’est qu’une vue de l’esprit, les journées de L1 qui ont suivi ces déclarations ont été plus normales en termes d’arbitrage, «le challenge des arbitres» semble s’être calmé et une réunion des arbitres et des entraîneurs serait programmée.
Pour autant selon le schéma éculé «Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté».Bien sûr qu'il faut faire appel.