Le Congrès de Nice, en juin 1538, avait rétabli la paix entre François 1er et Charles-Quint, grâce à la médiation du pape Paul III.


Le Monument à Catherine Ségurane, face à l'église Saint-Augustin, dans la vieille villeLe premier consent à s'engager contre les Turcs moyennant le Milanais que le second feint de vouloir céder. Or, en octobre 1540, l'empereur investit son fils Philippe de la Lombardie.
François 1er renoue son alliance avec Soliman II qui s'empare de la Hongrie en 1542 et envoie une flotte de 110 galères à Marseille où elles relâchent à la mi-juillet 1543. François de Bourbon, qui commande l'armée française, l'accueille avec tous les honneurs.
Le 2 août, les uns par terre, les autres par mer, Français et Turcs prennent la direction de Nice où depuis deux mois on renforce fortifications et garnisons. Dès le 9 août, le siège commence avec des bombardements sévères et des assauts, mais la ville résiste bien.
Le 15 août, lors d'une escalade par les Turcs du bastion Sincaïre, une robuste lavandière, Catherine Ségurane, galvanise les défenseurs par sa bravoure, assomme des assaillants à coups de battoir, leur arrache une bannière et les rejette pêle-mêle au bas du rempart. Alors, retroussant ses jupons, elle leur aurait, suprême humiliation pour des Musulmans, montré ses arrières !
Le 23 août, la ville se rend tandis que le château résiste jusqu'à l'arrivée des renforts le 9 septembre. Après un pillage en règle, Turcs et Français évacuent la ville.
Les chroniques contemporaines du siège ne font aucune mention de cet épisode.
Catherine Ségurane n'apparaît dans la littérature locale qu'une cinquantaine d'années plus tard. Au début du XVIIème siècle un petit monument avec buste est élevé à une héroïne anonyme du siège. La légende s'en empare : description physique, généalogie, prouesses variées et parfois savoureuses !
Issue du culte de l'idéal féminin exalté par l'épopée de Jeanne d'Arc et l'art courtois du XVème siècle, Catherine Ségurane reste le symbole émouvant du courage des Niçoises lors de ce siège dramatique, comme le boulevard des Dames rappelle celui des Marseillaises en 1524. Les épisodes de Jano à Entrevaux en 1542, de la "Jeanne Hachette" et son rocher à Mons-en-Provence (1592), de Suzanne de Villeneuve au château de Mouans la même année, voire de Mère-Royaume et sa marmite à Genève (1602) procèdent du même esprit.
Catherine Ségurane a été célébrée dans toutes les formes de l'art. Divers genres littéraires (poèmes, épopées, romans, théâtre dramatique et lyrique) l'ont chantée, de nombreux tableaux et jusqu'à l'ancien rideau de l'Opéra, lui ont été dédiés de même que des morceaux de musique, une imagerie populaire abondante et plusieurs moments dont le dernier en date (1923) en rassemble la population chaque 25 novembre, maire et édiles en tête, musiques et groupes folkloriques se produisant.
Des honneurs dont Masséna et Garibaldi ne bénéficient pas. Un lycée porte son nom.
A travers Catherine Ségurane, Nice salue le courage légendaire de ses femmes, ce n'est pas si courant!
Voir également l'article relatif au siège de 1543