jean-leonetti_copyNicolas Sarkozy prend des risques. Rendossant son costume de ministre de l’Intérieur, cette semaine, le chef de l’Etat a repris en main le dossier sécurité. Au lendemain des élections régionales, face à la violence dans les transports, les stades, et les établissements scolaires, « je suis décidé à m’engager personnellement », avait-il lancé. Affaibli par une cote de popularité en berne, Nicolas Sarkozy se recentre donc sur sa doctrine sécuritaire afin de reconquérir la droite traditionnelle. Mais également attirer les électeurs du FN.
A l’UMP de nombreux élus estiment que la sécurité «est l'un des fondamentaux» qui ont contribué à l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée en 2007. C’est le cas de Jean Leonetti, le premier vice-président du groupe UMP. Le député maire d'Antibes, dans les Alpes maritimes, pense, cependant, que la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne devrait pas s'appliquer de façon rigide aux effectifs de police, a-t-il confié au Figaro «car on va arriver à un seuil au-dessous duquel on ne pourra pas descendre».
Le repositionnement sécuritaire de Nicolas Sarkozy est périlleux. Séduira-t-il l’électorat du centre droit? Pour Emmanuel Rivière, de TNS Sofres, qui l’a confié à Métro: "La sécurité n’est plus, comme en 2002, une inquiétude majeure pour les Français, et il paraît difficile de replacer ce thème au premier plan sans souligner l'inefficacité de l’action accomplie depuis huit ans."
A inefficacité, le terme qui parait plus opportun est celui de sur-médiatisation d’une politique sécuritaire qui correspond à une inquiétude de la population à laquelle l’Etat n’a pas été en mesure de suffisamment répondre. Au plan national, le bilan de la lutte contre la délinquance depuis 2002 est mitigé. Entre 2002 et 2009, la délinquance générale a baissé de -14,4 %, avec une vraie chute de la délinquance de proximité (-35,01 %).
Brice Hortefeux, dressant le bilan de la lutte contre l’insécurité, depuis qu’il est ministre de l’Intérieur a indiqué, le 15 avril, « quand j'ai été nommé, la délinquance connaissait une tendance à la hausse. Aujourd'hui, elle est à la baisse. Il s’est félicité d’une "stabilisation" du nombre de violences contre les personnes. Il a augmenté de, seulement, 1,24 % entre le premier trimestre de cette année et le même trimestre de l'année dernière. Mais ce nombre a été « divisé par deux en quatre mois »
Force est cependant de constater que, sur un an, le nombre de violence contre les personnes a augmenté de 1,86%, selon l'Observatoire national de la délinquance (OND). 240 000 faits de violence physique ont été enregistrés entre avril 2009 et mars 2010, "soit un niveau parmi les plus élevés depuis 1996 ", souligne l'OND
Les querelles de chiffres ne masquent pas la réalité que perçoit la population.
A ce sujet une étude, révélée par Mediapart, portant sur l’Ile-de-France menée depuis 2001 par l’IAURIF, l’Institut d'aménagement et d'urbanisme de l'Ile-de-France, mérite d’être décryptée. Elle démontre que, depuis 2001, la délinquance n'a cessé de reculer parmi les principales inquiétudes des franciliens, tandis que chômage et pauvreté suivaient la courbe inverse. 39,2% mettait la délinquance en tête de leurs préoccupations en 2001, contre seulement 12,6% en 2009.
Dans ce contexte où l’insécurité sociale hante une partie de la population, la marge de manœuvre de Nicolas Sarkozy, engagé sur plusieurs fronts, paraît bien étroite.

Paul Barelli
Pour le Niçois

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