NICE : Après GÊNES STRASBOURG, le retour des casseursNICE | GÊNES | STRASBOURG | CASSEURS - Alors que le Député-Maire de Nice Christian ESTROSI a été officiellement nommé, rapporteur de la proposition de loi renforçant la lutte contre les violences de groupe, par la Commission des lois de l'Assemblée nationale, les violents événements de Strasbourg mettent en lumière la difficulté pour un état démocratique de contrôler, dans le respect des lois, des éléments, bandes ou groupes, décidés à en découdre avec des services d'ordre pourtant de plus en plus importants. 

GÊNES 2001 Strasbourg 2009 : le retour des casseurs.
Les images de guérilla urbaine semblent se répéter. Les casseurs ont ressurgi. De troublantes similitudes se font jour sur leur rôle, lors de la réunion du G8 à Gênes en 2001 et au sommet de l’Otan à Strasbourg, les 3 et 4 avril. Au-delà de la polémique relative à un quartier de cette ville insuffisamment protégé, force est de constater que, huit ans après, des casseurs de la mouvance anarcho-autonome ont sévi de manière similaire.
Fin juillet 2001, je couvrais le sommet de Gênes en tant que reporter pour RMC. Les affrontements, destructions de Strasbourg semblent issues du même scénario qu’à Gênes. Dans les deux cas, les responsables de la sécurité de ces réunions étaient informés de l’arrivée de centaines de casseurs. Dès juin dernier, un rapport «confidentiel défense» des services de renseignement français, révèle le Figaro, affirmait que des militants, intégrant les “ Black Blocs”(activistes anarchistes), de toutes les grandes contestations altermondialistes européennes « ont décidé de mettre en place une force organisée transnationale de subversion destinée à commettre des actions violentes dans les prochains mois ». Conséquence : les autorités ont mis en place un gigantesque dispositif de protection : 25 000 membres des forces de l’ordre à Strasbourg, près de 29 000 à Gênes.
Lors de ce sommet du G8 (des pays industrialisés) en 2001, les mesures de sécurité étaient draconiennes. Peu d’observateurs se souviennent que, quelques jours avant, le Pentagone faisait état de menaces d’attentat « pouvant provenir de la mouvance terroriste Al Quaida ». En l’absence d’acte terroriste commis dans le port italien, cette information fut vite supplantée par les violents incidents opposant les manifestants altermondialistes et les forces de l’ordre. Un manifestant fut tué par un jeune policier. Nous étions fin juillet 2001. Six semaines plus tard les tours jumelles du World Trade Center s’effondraient.
À Gênes et à Strasbourg, une certaine forme de « terrorisme masqué », d’hyper violence urbaine a été le fait de casseurs. Ils portent un nom : les « Black Blocs », des groupes affinitaires d'activistes anarchistes violents vêtus de noir. En novembre 1999, lors de la « Bataille de Seattle », les « Black Blocs » surgissent, en marge du mouvement antimondialisation, en lançant des frappes contre des banques et des magasins. Ce recours à la force spectaculaire est contesté par de nombreux militants altermondialistes. Seulement, je l’ai constaté à Gênes, et ce fut le cas à Strasbourg- où la préfecture a estimé qu’il y avait 2000 « Black-Blocs », ces derniers sont passés maîtres dans l’art d’infiltrer les manifestations. J’en ai vu ainsi à Gênes, au cœur du cortège lancer des cocktails Molotov sur le parcours. Objectif : créer le désordre, et provoquer l’intervention des policiers.
Un petit opuscule de 30 pages, rédigé en 2003 par des « Black Blocs » - la Bible des casseurs, théorise les moyens de lutter radicalement contre le système capitaliste. Les auteurs revendiquent avoir participé aux actions violentes, lors du G8 de Gênes. Un activiste italien avait été abattu par la police.
Les « Black Blocs » décrivent ainsi leurs actions: « Certains d’entre nous affrontent les lignes de carabiniers, renvoyant les lacrymos, défonçant le dallage des trottoirs pour en faire des projectiles, préparant des cocktails Molotov à partir de bouteilles trouvées dans les poubelles ». Plus significatif encore : ils reconnaissent vouloir s’attaquer à la gauche altermondialiste classique. Cette technique « d’ infiltration » des manifestants a été utilisée à Strasbourg, comme le précise au Monde un opposant au sommet de l’Otan : « Les casseurs, au lieu d'être en marge de la manifestation, s'y sont lâchement mêlés, prenant ainsi les manifestants en otage. Devant, nous ne pouvions plus avancer, et derrière, les CRS envoyaient des lacrymo, ce qui forçait les manifestants pacifistes à avancer, et à s'agglutiner. Si bien que nous nous sommes retrouvés pris en étau ». 
À Gênes, les « Blacks Blocs » n’avaient pas hésité à prendre d’assaut un des hôtels servant de centre de presse. Ils avaient été repoussés par les forces de l’ordre. 
À Strasbourg, ils sont parvenus à incendier un hôtel Ibis. On comprend, dès lors, la prudence de l’Italie. 
Présidant le G8 cette année du 8 au 10 juillet, elle a choisi l’archipel de la Maddalena au Nord de la Sardaigne !

PAUL BARELLI
LE PETIT NIÇOIS