NICE JOSÉ BALARELLO Le Sénat et les LANGUES RÉGIONALES

SÉNAT LANGUES RÉGIONALES - Me José BALARELLO, Vice-Président du Conseil général 06, Adjoint au maire de Tende, mais surtout, Sénateur des Alpes-Maritimes a refusé le mercredi 18 juin 2008, avec 215 autres vénérables membres de la haute assemblée, d’ajouter à l’article 1 de la Constitution, que «les langues régionales appartiennent au patrimoine», après un débat de plus trois heures.

Féru de petite et de grande histoire du Comté de Nice, se piquant de parler un Niçois quasi parfait, le sénateur Balarello ne peut être soupçonné de désintérêt pour la chose identitaire surtout lorsqu’il s’agit de la culture de notre territoire et de sa transmission.

Or son intervention au Palais du Luxembourg a été on ne peut plus claire : «En ce qui me concerne, je suis partisan de la suppression pure et simple de la mention des langues régionales dans la Constitution.

J’attire en effet votre attention, mes chers collègues, sur le fait que, si nous acceptons cette rédaction, nous risquons de favoriser l’apparition de très nombreux contentieux, émanant de personnes qui pratiquent quelquefois la démagogie et qui, au prétexte de défendre l’identité du territoire, l’appartenance à un comté - et je sais de quoi je parle ! – ou à une province, exigeront que les arrêtés municipaux, voire préfectoraux, soient rédigés dans la langue régionale ou locale.

Ils pourront également exiger que la langue locale soit utilisée pendant les débats municipaux et, si les autorités le leur refusent, lancer d’interminables contentieux, largement médiatisés.»

Malgré la montée au créneau de Rachida Dati venue plaider pour cette disposition, fruit d’un laborieux compromis, une bordée d'explications de vote, contraire à la commission des lois et au souhait du gouvernement, a eu raison de l’article introduit en première lecture par les députés, qui ne fut soutenu lors du vote que par 103 sénateurs. 

Tombant comme à Gravelotte, venant de tous les bancs, les critiques ont été nombreuses, sans pour autant remettre en cause l’intérêt de l’apprentissage et de la pratique des langues régionales. L’opposition s’est cristallisée sur la raison d’être de cette constitutionnalisation, dans laquelle de Michel Charasse à Badinter et de Jean-Luc Mélenchon à Jean-Pierre Fourcade on ne voit qu’arrière-pensée et danger pour les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent la Constitution et la République française.

Position résumée par Jean-Pierre Fourcade en ces termes : «Depuis que j’ai été élu sénateur en 1977, j’ai participé à de nombreuses révisions constitutionnelles et j’ai appris deux choses.

Premièrement, il est très difficile de toucher à l’article 1er de notre Constitution. C’est un article essentiel, que beaucoup de gens connaissent, à défaut, souvent, de connaître la suite. On ne peut donc pas le modifier sous un quelconque prétexte et y insérer la référence aux langues régionales, surtout après avoir consacré dans la Constitution, voilà quelques années, sur l’initiative de Jean Pierre Raffarin, l’organisation décentralisée de la République.

Deuxièmement, il y a trois degrés de législation : la loi, la loi organique et la Constitution. À mon sens, la protection et le développement de l’enseignement des langues régionales relèvent de la loi, et non de la loi organique ou de la Constitution.

 Je suis tout à fait prêt à voter une loi, comme l’a annoncé le Gouvernement, pour améliorer l’enseignement des langues régionales

Rappelons que l'Académie française, lundi, avait jugé que cette reconnaissance tendant à classer les langues régionales au patrimoine de la France, portait «atteinte à l'identité nationale». Voir l'article de NiceRendezVous.