NICE Christian ESTROSI et son ami Nicolas SARKOZY

NICE ESTROSI NICOLAS SARKOZY - Le net tassement des intentions de vote en faveur de Christian Estrosi à la municipale de Nice, enregistré par le sondage TNS SOFRES Logica publié ce jour par Nice Matin a-t-il un rapport avec sa proximité, pour ne pas dire son amitié avec Nicolas Sarkozy ? Le trouble grandit dans les rangs des électeurs, très nombreux dans le département des Alpes Maritimes, a avoir voté pour le Président de la République.

Nicolas Sarkozy : le président anxiogène ?

Le président de la République provoque-t-il l’anxiété chez les français ? Est-il anxiogène ? La question, désormais inévitable, découle des récentes turbulences sarkoziennes. La petite phrase du salon de l’agriculture - « casse-toi alors, pauvre con ! » qu’il a renvoyé à un visiteur qui lui lançait « touche-moi pas, tu me salis », survient après de nombreux épisodes tourmentés .

Fidèle à son credo « l'essentiel, c'est d'être celui qui crée le débat », Nicolas Sarkozy a multiplié les sujets de polémique, directement ou via ses proches, en proposant aux élèves de CM2 de s'occuper de la mémoire d'un enfant victime de la Shoah, en relançant le débat autour de la rétention de sûreté, sur la laïcité (y compris sur la dangerosité des sectes) ou la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public. Les exemples foisonnent.

Le président, dès lors, se trouve au cœur d’une polémique médiatique quasi quotidienne renforcée par « la pipolisation », un terme synonyme depuis peu d’ « obscénité » tant une partie des médias en abuse. Il est accusé par ses opposants de mettre en cause la fonction présidentielle, aussi bien par son style que sa pratique institutionnelle. Adepte de la rupture permanente, le chef de l’Etat continue de présider la France à sa manière : directive, « monarchique» écrirait l’hebdomadaire Marianne. Et trépidante.

L’épisode- fâcheux, en terme d’image, des insultes échangées au salon de l’Agriculture est significatif. Le sociologue Denis Muzet souligne que le président a perdu énormément de respect. « Il doit mettre entre parenthèse, dit-il à l’Express, la stratégie de "communication présencielle" car même si elle lui a toujours réussi, elle est aujourd’hui en train de le perdre. Il me fait penser à ces personnages de télé-réalité qui pètent les plombs ».

En fait, les audaces « subalternes » de Nicolas Sarkozy déprécient la nécessaire audace des grandes réformes, comme le constate Claude Imbert dans le Point : « le fleuve de la présidence s’égare trop souvent. Il quitte son lit pour des rigoles ». La surexposition médiatique a contribué à accentuer sa chute dans les sondages. Nicolas Sarkozy a perdu 9 points de popularité en février, à 38%, et le Premier ministre François Fillon en a gagné 7 à 57%, soit un écart de 19 points entre les deux têtes de l'exécutif, selon un sondage IFOP paru dans le JDD du 24 février. 38% des Français se sont dits "satisfaits de Nicolas Sarkozy comme président de la République", contre 47% en janvier. 62% (+10) sont en revanche mécontents du chef de l'Etat.

Révélateur, ce sondage, réalisé du 14 au 22 février auprès de 1.879 personnes, l’est à un autre titre. Il traduit également l’anxiété que génère désormais la manière dont Nicolas Sarkozy exerce la fonction présidentielle. Les réformes sociales qu’il a engagées sont-elles « anxiogènes », comme l’a estimé le 6 février, le secrétaire général de Force–Ouvrière, Jean-Claude Mailly, à l’issue d’une rencontre des partenaires sociaux avec le président ? En réalité, ce ne sont pas tant les réformes qui inquiètent l’opinion- il a été élu pour cela mais le sentiment partagé, par de nombreux Français qu’il altère sérieusement le prestige de sa fonction.
 

L’incident au salon de l’agriculture ne doit pas masquer la réalité : après neuf mois à la tête de l’Etat, le président a écorné la confiance que lui accordait une large partie de l’opinion. Peut-il rebondir ? Faut-il penser, comme le dit, non sans arrière-pensées, Dominique de Villepin, l’ancien premier ministre qu’il « pourrait être un bon président », mais qu’il y a « malheureusement aujourd'hui le sentiment d'un certain gâchis ». Ou alors, faut il estimer, comme Jean-Pierre Raffarin, autre ex-premier ministre UMP qu’il faut "protéger" le président. "Ce n'est l'intérêt de personne que Nicolas Sarkozy et sa majorité échouent, même pas de l'opposition".

 

L’impopularité présidentielle ne devrait pas s’estomper rapidement dans la mesure où les derniers chiffres sur les prix des produits alimentaires explosent depuis le mois de novembre, révèle 60 millions de consommateurs. Le pouvoir d’achat des Français est au plus bas. Certes, le chef de l’Etat n’en est pas responsable, cependant, ayant axé sa campagne sur ce thème, il se trouve dans une inconfortable posture. Il lui appartient désormais de calmer l’anxiété des Français.
 

Paul Barelli

Le Petit Niçois