Catastrophe Caravelle Ajaccio Nice, Le devoir de vérité de l'ÉtatCATASTROPHE CARAVELLE AJACCIO NICE - Combien d’années encore les familles des victimes de la catastrophe de la caravelle Ajaccio-Nice (95 morts, le 11 septembre 1968) vont-elles lutter pour connaître enfin la vérité ? Combien d’années encore devront-elles réclamer la réouverture de l’enquête ? Les explications que livre le Ministère de la Défense, depuis le drame, ne satisfont pas les proches des victimes. Ces victimes qui auraient été effacées de la mémoire collective, au nom de la raison d’État, si chaque 11 septembre, depuis 39 ans, des cérémonies ne leur rendaient hommage, tant à Nice qu’à Ajaccio. Les blessures des familles demeurent toujours aussi vives. Un sentiment renforcé par la décision, l’an dernier, du procureur Éric de Montgolfier de classer « sans suite » le dossier de la catastrophe : « les faits sont prescrits. Il est impossible de rouvrir le dossier d’un point de vue judiciaire », a répété le procureur. Les familles ne l’admettent pas.
Depuis 1968 elles sont persuadées que la caravelle a été « abattue par un missile non armé provoquant un incendie ». En dépit de cette apparente impasse judiciaire, trois frères, Jacques, Mathieu et Louis Paoli dont les parents ont trouvé la mort dans cette catastrophe, continuent de lutter afin de connaître la vérité « nous irons jusqu’au bout », assène Louis Paoli. La détermination dont témoignent les familles, s’est considérablement renforcée ces derniers mois.
Nous avions fait état de six témoignages accréditant la thèse du missile. Ils avaient été transmis à Éric de Montgolfier. En vain.
Le 12 février dernier, les frères Paoli ont révélé ces témoignages.

Depuis, plusieurs témoins ont décidé de sortir de leur silence : le dossier des frères Paoli s’est renforcé. De six témoignages recueillis au départ, une dizaine d’autres personnes ont accepté de raconter, par écrit ce qu’elles savent. Ces nouveaux récits sont particulièrement troublants.

Ainsi en est-il de la déclaration d’un promeneur, Étienne Bonnet. Le 11 septembre 1968, il se trouvait, vers 10H30, au bord de mer entre Juan-les-Pins et Golfe-Juan. Muni d’une paire de jumelles, il regardait l’évolution de gros poissons :« J’ai regardé la caravelle qui descendait assez lentement vers Nice. Soudain, une traînée bleu ciel, provenant de l’extérieur, frappa l’appareil à la hauteur du réacteur sur son côté gauche. Un incendie se déclara. Puis, une terrible explosion se produisit. Des boules de feu se confondaient avec les nuages et des morceaux en feu tombaient sur la mer. Une deuxième explosion eut lieu et le reste de l’appareil tomba en feu dans la mer ».Ce témoignage accréditant que la caravelle a été percutée de l’extérieur est considéré comme déterminant par Mathieu Paoli. Il a demandé à cet homme pour quelle raison il parlait si tard : « il m’a expliqué qu’il avait eu peur. Aujourd’hui, je veux soulager ma conscience ».Certes, ce témoignage ne suffit pas à rouvrir une enquête. Il n’est cependant pas unique.

Ainsi, un appelé qui était en poste radar à Prunet-Belleville au PC de défense Nord de la France chargé de la surveillance de l’espace aérien, raconte : « Je travaillais en salle d’opération en tant que sous-officier le jour de la catastrophe. La caravelle aurait subi un tir d’essai de missile sol-air qui aurait détruit l’appareil. C’est la version qui a été évoquée en salle d’opération par les officiers.» Ce témoignage complète d’autres qui méritent d’être étudiés.

C’est le cas de celui de Bernard Famchon. Il était serveur au foyer du 40e Régiment d’artillerie à Suippes, près de Mourmelon. : « Un soir de l’été 1970, un militaire a fondu en larmes. J’étais en septembre 1968, en Méditerranée, servant sur une batterie a-t-il confié. Nous disposions d’un radar automatique, couplé avec la batterie qui devait abattre un avion cible militaire qui allait passer. Tout était réglé automatiquement. Quand l’avion est passé sur le radar, l’automatisme a fonctionné, le missile est parti. Aussitôt après, on nous a prévenus qu’il fallait arrêter le tir car il y a avait un avion civil qui arrivait. Mais c’était trop tard : le missile était parti ! ».

Ces témoignages, parfois indirects, ne constituent pas des preuves d’un point de vue judiciaire. Ils confortent la thèse du missile. Désormais, l’État se doit de dire la vérité.

Paul Barelli

Le billet du Petit Niçois

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