NICE PSEUDO-POLEMIQUE SUR LE DEPLACEMENT DE LA STATUE DE GARIBALDIGARIBALDI - Nice-Matin, dans son édition du 30 janvier 2007, s'est fait l'écho d'une pseudo-polémique concernant le déplacement de la statue de Garibaldi à Nice. Une information reprise par l'AFP et divers médias nationaux, qui, ne résistant pas au plaisir de dire du mal de Nice, la qualifient de fronde, donnant par la-même un importance démesurée au joli coup de pub de l'un des opposants virulents à Jacques Peyrat.
Alain Roullier, à l'origine de cette polémique, invoque une symbolique fumeuse (la statue serait au centre parfait d'une étoile elle aussi parfaite, un symbole soi-disant adopté par Garibaldi lors de ses différents combats !) pour justifier son opposition absolue à un déplacement rendu nécessaire par le passage du futur tramway de l'agglomération niçoise sur la place Garibaldi. André Barthe, adjoint à la Culture du maire de Nice, a confirmé la nécessité de ce déplacement (3 ou 4 mètres en retrait) en insistant sur la stupidité de l'attachement à une symbolique par ailleurs inexistante.
Et, de fait, force est de constater que le leader indépendantiste niçois a plus que largement interprété et l'histoire du héros dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance, et l'histoire urbaine de Nice !
• L'étoile à cinq branches, qui serait le symbole de Garibaldi, est d'abord et avant tout un symbole chrétien devenu maçonnique et ésotérique (avant d'être celui de la République Italienne depuis sa fondation en 1946). Elle est quelquefois apposée sur des portraits du grand homme, émanant des loges italiennes, françaises ou américaines et rendant hommage à celui qui fut "le premier maçon d'Italie". Mais Garibaldi n'a jamais porté d'étoile, même sur les très rares portraits (2 connus) où il apparaît revêtu des attributs de Grand Maître du Grand Orient d'Italie. Le symbole garibaldien par excellence, c'est bien évidemment la fameuse chemise rouge, dont la couleur n'a rien à voir, soit dit en passant, avec une quelconque allégeance politique. On peut y rajouter le poncho et surtout le drapeau tricolore italien ! Quant à la signification ésotérique de l'étoile, laissons cela aux extralucides et autres gourous...


Plan de construction de la Place Victor - 1782 (Archivio di Stato, Torino)

Place Garibaldi - Nice• Sur le plan de l'histoire urbaine de Nice, on peut éventuellement penser, au vu de la photographie aérienne, que les rues adjacentes dessinent une étoile, qui était peut-être moins évidente avant la construction des massifs floraux... Quant à prétendre qu'elle est parfaite, c'est une autre histoire. Mais surtout, quel est le rapport entre le plan de cette superbe place, dressé par l'architecte niçois Antoine Spinelli en 1782, sur le modèle des "places royales" très en vogue au XVIIIe siècle, et Joseph Garibaldi, né en 1807 et que ses exploits ont commencé à rendre célèbre à partir de 1840 ?
Bof, en poussant un peu plus sur le chemin de la mauvaise foi, on pourra toujours suggérer que Spinelli était sans doute doté de pouvoirs surnaturels exceptionnels !

La place Garibaldi a été ainsi baptisée en 1871 parce que son nom antérieur (Place Victor) faisait référence aux souverains savoyards et italien (Victor Emanuel II régnait alors sur l'Italie nouvelle), tout comme La Trinité-Victor est devenue La Trinité dans les années 50, et parce que Garibaldi, fils de Nice, venait de s'illustrer à la tête de l'Armée des Vosges. Quant au monument qu'elle porte, il a connu bien des vicissitudes, avant d'être définitivement inauguré le 4 octobre 1891. Envisagé avant même la mort de Garibaldi, le principe de son érection est voté par le conseil municipal le jour même (4 juin 1882) où l'on apprenait à Nice la disparition du Héros survenue le 2. Mais ce n'est qu'en 1885 qu'un concours fut lancé, désignant nommément, et pour la première fois, la place Garibaldi comme emplacement (plusieurs projets avaient déjà été présentés, proposant des sites divers comme la colline du château). Le règlement précise bien que la statue devra être érigée "dans l'alignement de la rue de la République". Sa position au centre de la place allait de soi, pour des raisons esthétiques, d'autant qu'à l'époque les contingences liées à la circulation automobile étaient encore inexistantes.
Mais, pour des raisons techniques, il fallut quadrupler la taille du socle et le sculpteur (Gustave Deloye) dut rajouter les deux lions de bronze latéraux, qui ne figuraient pas au projet d'origine, ce qui valut un très léger décentrage au monument.

Esoterico-maniaques, gourous et extra-lucides de tous les pays, réjouissez-vous malgré tout, le monument semble être victime d'une malédiction : c'est d'abord l'entrepreneur chargé de l'édification du piédestal, Dominique Ciotti, qui décéda prématurément, avant la fin du chantier. Et puis ce fut le tour du sculpteur lui-même : Antoine Étex ne put achever son oeuvre (il mourut le 14 juillet 1888 âgé de 80 ans) et le flambeau fut repris deux ans après par Gustave Deloye qui y laissa et sa santé et sa fortune !

Il faut dire que, contrairement à une opinion fort répandue, le monument n'a pas été payé par souscription publique. Celle-ci, ouverte dès le 4 juin 1882, fut un gros échec. Seuls, quelques édiles locaux -et l'ancien président du conseil suisse !- mirent la main à la poche, ce qui explique pourquoi il fallut huit longues années pour réaliser le projet. Et encore, lorsque, en 1890, le maire de Nice fait appel à Deloye pour réaliser le monument à peine ébauché par Etex, il lui arrache un délai de paiement de cinq ans !

Paure Pepin ! Combien de billevesées aura-t-on dites en ton nom !