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antoine-resistanceFigure controversée de la résistance niçoise, Jacques Antoine ne s’est pas réveillé le jour de Noël. Singulière mort. Comme si cet homme de 84 ans, avait préféré ne plus « résister » à une vieillesse devenue trop précaire. Pourtant, cette mémoire du Gaullisme azuréen, lecteur parmi les plus anciens du Petit Niçois, au fil des années, s’était fait le chantre du « devoir de résistance » au sens large.
Amoureux de la ville de Nice, ce Niçois d’adoption, est, adolescent, plongé dans la nuit noire de l’Occupation. Jacques Antoine, sensible à l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, avec quelques autres lycéens, forme un groupe de jeunes Gaullistes surnommé Lorraine. Cette poignée de Niçois impriment et distribuent des tracts favorables à de Gaulle et hostiles au régime de Vichy.
Le 21 juin 1941, Jacques Antoine est arrêté ainsi que sept autres camarades. Il a seize ans.
« Nous imprimions des tracts au composteur, à mon domicile, de jour ou de nuit – confia-t-il aux responsables du Musée de la Résistance Azuréenne. Les agents de la Sûreté, nous ont emmenés rue Gioffredo. On nous a houspillés, conduits aux Nouvelles Prisons, où nous avons subi des sévices. Nous avions été dénoncés par un lycéen. ».
Dès son engagement, qu’il relativisait, dans « l’Armée des ombres », Jacques Antoine, avec constance, a célébré le mythe de la Résistance. Le 18 juin, tel un rituel, en hommage à l’appel gaullien, cet octogénaire aux allures de Gabin, hissait le drapeau tricolore. Homme de tous les combats, y compris contre lui-même, il avait métamorphosé son appartement en musée de la France Libre, au point que les « visiteurs du soir », selon son expression, éprouvaient parfois l’étrange sensation que la silhouette tutélaire du Général pouvait se profiler, à tout moment.
Je fis parti de ces « visiteurs du soir » avec quelques journalistes, élus de tous bords, ainsi que d’anciennes « barbouzes » improbables qui franchirent le seuil de cet « appartement conspiratif » d’où se propageaient autant d’informations sensibles qu’infondées. Qu’importe. Si vindicatif fut-il, ce personnage à l’humour dévastateur, toujours à l’affut d’une nouvelle croisade, laisse, en guise de testament, un message. Très simple. Il répétait volontiers : « apprenez aux jeunes à résister : c'est choisir le courage civique, plutôt que la servitude ».
Ce « devoir de résistance », au sens large qu’il professait, ne relève pas d’une nostalgie passéiste. Il s’avère d’autant plus actuel que les dérives de certains medias devraient renforcer dans l’esprit de ceux qui informent une exigence éthique.
Plus que jamais, confrontés aux polémiques dérisoires qui génèrent du « buzz » - faut-il rétablir la fessée ; le clip de l’Ump… Et j’en passe, les journalistes doivent s’efforcer de « résister à l’air du temps » pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean Daniel consacré à l’œuvre d’Albert Camus (Gallimard 2006) et en particulier à son travail de journaliste. Jeune reporter en I938 à Alger, Camus dénonçait les dérives de certains journaux. Il résistait déjà. « A l’air du temps »
Certes, aujourd’hui le « devoir de résistance » ne relève pas d’en enjeu comparable aux années de l’Occupation. Il peut cependant se décliner à l’infini dans la vie de chacun. Jacques Antoine en était persuadé. Cet éternel résistant ne s’est pas réveillé le jour de Noël.
Sans doute a-t-il préféré livrer un autre combat.

Paul Barelli

 

 

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