Artiste et écrivain d’expression française et nissarde. Fils d’Alexis Mossa, il étudie à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Nice (1897-1898) et en est diplômé. Il peint en compagnie de son père et reproduit un grand nombre de paysages niçois, tout en commençant à écrire des comédies fantaisistes. A partir de 1904 et pendant une quinzaine d’années, il s’impose comme un brillant représentant du symbolisme par des réalisations picturales, essentiellement des aquarelles, qui traduisent une crise personnelle à travers une réinterprétation saisissante de mythes anciens ou d’épisodes bibliques. La même esthétique au service de la même thématique (femme fatale, guerre des sexes, « Eros funèbre », artistes victimes d’une société matérialiste et incompréhensive), avec les mêmes figures (Salomé, Pierrot...) s’exprime dans ses nombreux essais littéraires, essentiellement dramatiques, tous demeurés inédits.

S’il entame cette période de son activité créatrice à Nice, il la poursuit dans la région parisienne aux côtés de Charlotte Andrée Naudin, qu’il a épousée en 1908. Il envisage simultanément d’adapter au théâtre des textes célèbres (Gulliver, La Divine comédie, etc.) et des vies de peintres (Lucas de Leyde, 1903, Goya, Watteau, Botticelli, 1914, etc.). Ayant découvert à Bruges en 1911 l’art gothique et les tableaux sacrés des maîtres flamands, il évolue vers l’art des « imagiers » d’autrefois. La rencontre du poète René d’Helbingue (1882-1969), qui sera un ami fidèle, l’expérience cruelle de la guerre (il est blessé à Ypres en novembre 1914), l’effacement progressif d’une névrose, la rupture avec sa première épouse et son remariage (1918) sont autant d’étapes sur la voie d’une spectaculaire mutation.
Lui qui dessine des maquettes de chars de carnaval depuis 1902 et le fera jusqu’à sa mort revient sur le plan littéraire à l’inspiration fantaisiste de ses débuts, s’intéresse à Rabelais, à La Fontaine, à Boccace et effectue un retour à l’optimisme doublé de la redécouverte de la culture populaire et régionale qui aboutit à l’écriture, en collaboration avec son ami Barthélemy Marengo*, d’une pastorale en nissart, Lou Nouvé o sia lou pantai de Barb’Anto (1922). Cette pièce donne le signal du renouveau du théâtre dialectal. Le succès l’encourage à adapter pour la scène La Nemaïda de Rancher (1923), puis à fonder et à diriger Lou Teatre de Barba Martin. Jusqu’en 1940, la troupe jouera ses comédies dialectales (Phygaço, 1924, La Tina, 1926, L’Anticari, 1933, Lou Rei Carneval, 1935) qui se caractérisent par leur humour, leurs qualités dramaturgiques et la richesse de leur thématique folklorique. Barba Martin monte également des pièces de Francis Gag (Lou Sartre Matafiéu, 1932), de Guillaume Boréa (L’Esprit foulatoun, 1933, etc.), de Georges Delrieu (Fai calà, 1934, Li Fachenda de Picalé, 1936, etc.), sans oublier les spectacles de chansons traditionnelles ou modernes (de Louis Genari et de G. Delrieu). Mossa, qui devient en 1927 conservateur du Musée des Beaux-Arts de Nice, mène de 1913 à 1940 une carrière d’illustrateur de livres et de revues de luxe de réputation internationale. De la Deuxième Guerre mondiale à sa mort, il se consacre surtout à ses travaux d’imagier de la Ville de Nice, illustrant des documents officiels, dessinant armoiries et costumes traditionnels du Comté, mais n’interrompt pas son abondante production d’aquarelles figuratives consacrées aux paysages de la région. Dans le domaine pictural, Mossa a apporté au symbolisme finissant une contribution exceptionnelle ; sur le plan dramatique, il est l’une des personnalités marquantes du théâtre d’Oc de l’entre-deux-guerres.

Rémy GASIGLIA (in Dictionnaire Historique du Comté de Nice, Serre Editeur, 2002)