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retraite-m-chappuisChapitre second

Chez Maître Camous

Si vous avez raté le chapitre précédent...
 


Il faisait encore très chaud dans le village et les volets restaient fermés. Les rues désertes laissaient couler une lourde chaleur avec une odeur de four de boulanger et d’herbes sèches.

M Chappuis longea les murs à la recherche d’un peu d’ombre, mais il butait contre les pierres des pavages, mal jointes, et il dut revenir sur le milieu de la ruelle étroite. Tout lui déplaisait dans ce village, son vide, sa chaleur, ses odeurs, son ciel, ses rues. Il semblait quasi inhabité. On entendait simplement parfois un mulet invisible derrière de grandes portes grises cloutées et closes.

Il lui semblait qu’une odeur de mystère suintait des murs chaulés.

Une fine poussière flottait dans les rayons de soleil, entre l’ombre de deux ruelles. Elle salissait le pantalon, la veste et le chapeau noir sous lequel commençait à transpirer abondamment M Chappuis.

M Chappuis, qui portait en lui une tendance naturelle d’hostilité à tout changement, sentait son mécontentement augmenter à chaque nouveau pas.

C’est ainsi qu’il marchait vers Maître Camous, le notaire, avec méfiance et une  mauvaise  humeur  grandissante.

Arrivé place du Plan, il ôta son chapeau et s’épongea le front avec un grand mouchoir à carreaux bleus et blancs qu’il replia soigneusement.

La place du Plan comprend cinq maisons. Toutes closes, mais accueillantes dans leur manière d’entourer l’endroit. Au milieu, contre un mur, un acacia pousse à côté d’une petite fontaine. La placette est aveugle vers l’extérieur, et c’est vers la fontaine que se tournent les maisons. Au dessus, dans le ciel, se détache le clocher un peu de travers, avec son campanile de fer forgé. Sur la maison du milieu une porte d’un gris bleue pâle et un panonceau de cuivre luisant : Maître Camous, Notaire.

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La porte étonna M Chappuis. Le gris en était tendre et frais et ne ressemblait en rien à la couleur officielle d’une porte de notaire. La couleur choisie était gaie, ce qui ne semblait guère seyant pour un officier ministériel et choqua M Chappuis. Il tira poliment la chaîne de la sonnette. Un son vint des profondeurs de la maison, pas du tout assorti à la couleur de la porte. Il passa du calme à l’inquiétude, d’autant qu’à cet appel, rien n’avait répondu, ni pas, ni craquement. La cloche seule semblait habiter l’étude. M Chappuis attendit un bon moment. Il pensait doucement, étonné de ce silence. Il se résigna au bout d’un long moment à tirer à nouveau la chaînette de fer, mécontent  et inquiet.

Un léger bruit décela enfin quelque vie. Quelqu’un se rapprocha de la porte avec précaution. La serrure huilée joua, la porte s’ouvrit et apparut, un peu en retrait, un homme mince, les cheveux blanc-brun, avec des yeux bleus fins et vifs, en costume bleu rayé de blanc, la bouche mince et moqueuse et qui disait :

— M Chappuis ? Je vous attendais précisément à la fin de ma sieste.

Il s’effaça pour laisser passer le visiteur.

 

 

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