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giovanelli-disparitionUne exposition de plus, ce n'est pas péjoratif, dans la galerie Depardieu à Nice, animée par un personnage fort sympathique qui se bat bec et ongle pour donner à voir des artistes comme ce Jean-Pierre Giovanelli dont on nous dit le plus grand bien, voir ci-dessous.
Michel Journiac*, dans son hommage à Freud, veut, à sa façon, montrer que le vêtement fait disparaître notre identité. Dans un mode plus contemporain et également plus politiquement sensible et engagé, la burqa apparaît comme la métaphore d'une disparition totale du corps social et d'une micronisation des liens, dans une ambiguïté qui n'a pas encore été révélée. Protection, liberté, barbarie contextuelle, croyances, sciences et technologies des communication, fatras de paramètres fascinants et déstabilisants, nanotechnologies, libération-enfermement. La dune qui se meut sans objectif précis sauf celui que lui impulse le zéphyr, est également une métaphore de la dynamique-statique de la société humaine.
La disparition ou l’apocalypse selon Jean Pierre Giovanelli
Peut-on représenter la disparition ?
Peut-on la montrer dans une œuvre d’art ?
Et que représente-t-elle, la disparition ?
L’installation la disparition de Jean-Pierre Giovanelli donne des réponses à ces questions capitales de la visibilité à la disparition et à l’art. Si l’on peut représenter la disparition en montrant un moment essentiel de ce qui apparaît, de ce qui se présente et se représente. La disparition, semble dire Giovanelli, n’est pas simplement la fin ou la mort de ce qui apparaît et permet de voir mais une essentielle plissure, quasiment un double spectral : En tout de ce qui apparaît et se montre il y a de la disparition, ce qui est la trace d’une chose qui Dis-Paraît et qui rend impossible la totale représentation au delà de la forme d’une apparente totalité.
Mais qu’en est-il de ce qui dis-paraît dans ce qui apparaît ?
Rien de moins que le réel. Le réel n’est en rien la réalité qui se montre et se donne en représentation mais la disparition dans ce qui apparaît, la desapparition : Ce qui se dissimule dans l’apparaître, ce qui se soustrait, ce qui se donne comme simple soustraction est la disparition. Voila le défi et la provocation de l’œuvre de Giovanelli qui s’aventure jusqu’aux limites du désert de la représentation comme s’il n’y avait rien à représenter.
Porter la disparition du réel dans une représentation sans trahir la disparition, sans la contraindre violemment à se montrer, à se dévoiler dans sa nudité absolue, mais la montrant, justement, comme disparition. Par ce qu’il n’y a d’autre moyen pour le réel de se donner sinon en disparaissant.
De cette disparition du réel il faut nécessairement en prendre grande attention, semble dire Giovanelli, à la limite, lui vouer un culte qui s’oppose à l’idolâtrie de l’actuelle profusion d’images de la représentation du monde.
A « l’époque de l’image du monde », pour citer Heidegger, ce n’est pas la représentation du monde qui compte mais sa duplication dans l’image, ce qui n’apparaît pas, ce qui se soustrait au monde et qui se montre dans le mouvement du disparaître.
Ce culte voué au réel de la disparition survient dans le désert qui est en même temps l’espace limite de la représentation en tant que “rien à représenter”, l’espace de la révelation (des révélations religieuses) et une métaphore de l’apocalypse comme destruction totale, comme réduction du réel au désert du réel.
On pourrait dire que Jean-Pierre Giovanelli nous montre ici, dans ce désert, son ”apocalypse du réel“, dans tous les sens de ce terme grec qui indique en même temps l’apparition, la révélation (littéralement en grec, apocalypse signifie “dévoiler”, enlever le voile”) et la représentation de la fin du monde, la représentation de la disparition du monde.
Simone Regazzoni 24/02/2008, traduction Valeria Numerico-Julio Bursi

*Michel Journiac,1935-1995, artiste plasticien emblématique de l'art corporel. Il étudie la théologie et la philosophie. En 1969, il crée Messe pour un corps, action au cours de laquelle le public est invité à consommer un boudin réalisé avec son propre sang. Il s'intéresse au corps, à la sexualité, au sang, mais aussi au vêtement et notamment à la fonction sociale de ce dernier (piège pour un travesti). Le corps de l'autre ne se rencontre, selon lui, qu'à travers des rituels qu'il utilise pour interroger, révéler ou dénoncer. A partir de 1968, le critique d'art François Pulchart défend son travail en raison du caractère subversif et de l’énergie poétique qui s'en dégagent. Il mène une réflexion critique et sociologique en étroite symbiose avec ses pratiques et celles d'autres artistes comme Hervé Fischer ou Gina Pane.
Vernissage jeudi 14 janvier, exposition jusqu'au samedi 6 février
Galerie Depardieu
64 bd Risso 06300 Nice - Tél. 0 497 12 12 99

 

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