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PARIS Nice RendezVous Serre et Gandini partenaires de GoogleLIVRES GOOGLE NICERENDEZVOUS PARIS - Le 26e Salon du Livre de Paris a fermé ses portes mercredi soir sur un bilan mitigé, tant sur le plan de la fréquentation que sur celui du chiffre d'affaires généré. Le nombre de visiteurs annoncé semble plus important que l'année dernière (174 000, + 5 % par rapport à 2005, selon Serge Eyrolles, le patron des éditeurs français), malgré une baisse significative vendredi et samedi, et une défection non négligeable des professionnels du livre le lundi. Les organisateurs du Salon du Livre de Paris annoncent aussi une hausse importante du chiffre d'affaires des exposants, mais certains d'entre eux étaient loin de partager la satisfaction affichée par Serge Eyrolles… d'autant que le projet Google Recherche de Livres, présenté au Salon, soulevait d'autres inquiétudes.
Les éditeurs de Nice, toujours bien représentés grâce à l'aide conséquente de la région PACA (on notait la présence des Éditions de l'Amourier, des Éditions du Ricochet, de Serre Éditeur/Extrem-Sud et des Éditions Jacques Gandini), affichaient quant à eux une satisfaction toute relative : ni la qualité des stands mis à leur disposition par le Conseil Régional, ni leur confort ou leur visibilité ne parvinrent à prendre le dessus sur la morosité ambiante de l'ensemble des professionnels du livre.

L'événement cette année a été l'arrivée en force de Google, le géant américain de l’Internet, qui présentait officiellement la version française de son programme de recherche de livres, lancé en octobre 2004 au Salon du Livre de Francfort. Google, moteur de recherches sur Internet le plus utilisé dans le monde, permet, selon le même principe, d'effectuer des requêtes, en texte pur, dans le contenu même des livres, numérisés et stockés dans ses gigantesques bases de données. Son programme extrêmement ambitieux, s'il est mené à terme, mettra à la disposition de tous, la quasi-totalité du patrimoine imprimé de l'humanité.
Si, dans leur ensemble, les éditeurs anglo-saxons (et tout récemment les éditeurs italiens) ont réagi très favorablement à ce projet, les éditeurs français sont restés beaucoup plus circonspects, voire carrément hostiles, craignant que cette mise à disposition (pourtant très partielle et très encadrée) ne mette à mal leur chiffre d'affaires et ne s'apparente à un transfert de droits déguisé.

Le stand de Serre Editeur
La promotion de Nice Rendez-Vous sur le stand de Serre Éditeur

Pour les convaincre, Google avait organisé plusieurs conférences pendant toute la durée du Salon. Face à Mats Carduner, directeur de Google pour l'Europe du Sud, Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque nationale de France défendait une solution « européenne », histoire de préserver la désormais célèbre « exception culturelle française ». Ce concept fumeux, mais politiquement très correct, permet de passer gaillardement sous silence le phagocytage des exceptions culturelles des régions de France, organisé depuis des décennies par les mêmes chantres de la pensée unique qui se trouvent aujourd'hui pris à leur propre piège. Sur un plan moins idéologique, force est de constater qu'on « parle » de cette « solution européenne » depuis des années. Nos sacro-saintes commissions auront généré beaucoup de missions et beaucoup d'autres commissions (sans jeu de mots !) avant d'arriver à la démission qui les couronnera, fatalement, à plus long terme. Pendant ce temps, alors qu’en France, on discute, on parlemente, on s’endort, Google, qui parle peu, et probablement pas assez diraient certains, concrétise en à peine dix-huit mois, un projet qu'on aurait pu qualifier, au moment de sa présentation, de pari d'ivrogne irréalisable. Et de belle manière !
Cette histoire a des relents de « plan informatique pour tous » !

Conférence Google Recherche de Livres
Michel Valensi, John Lewis Needham et Gérard Colletta
pendant l'une des conférences organisées par Google

Les tout premiers partenaires du projet en France étaient présents aux côtés de Google pour défendre l'initiative du géant américain. Et ce n'est pas un hasard s'il s'agit en l'occurrence de maisons d'édition de taille moyenne, spécialisées soit sur le plan thématique, soit sur le plan géographique. Pas un hasard non plus, si les trois éditeurs présents sur le stand figurent parmi les premiers en France à avoir cru en l'avenir et en l’intérêt d'Internet, au temps, pas si lointain, où le web n'intéressait que quelques centaines de personnes dans ce pays.
En quelques mots, tout au long du salon, Michel Valensi (Éditions de l'Éclat), Michel Faraut (Éditions Jacques Gandini) et Gérard Colletta (Serre Éditeur/Extrem'Sud) ont présenté tous les avantages qu'ils avaient déjà tirés de leur partenariat avec Google : visibilité et notoriété accrues, augmentation des ventes (même si, de prime abord, la mise à disposition gratuite d'une partie du contenu d'un livre paraît paradoxale).
Michel Valensi remarquait fort justement qu'un livre reste un objet irremplaçable et que la crainte du piratage était totalement infondée : on feuillette des livres dans les librairies ou dans les bibliothèques, on en photocopie aussi des extraits souvent conséquents, sans que l'on brandisse l'épouvantail de la napstérisation…
Gérard Colletta insista, quant à lui, sur l'exception que constitue tout livre dans n'importe quel modèle économique. Lorsqu’on aime un livre, on commence toujours par le feuilleter, par le manipuler, par le regarder. On ne l'achète qu'après avoir accompli ce parcours quasi rituel, où tous les éléments constitutifs de l’objet-livre ont leur importance : le papier, l'encre et son odeur, la reliure, la typographie, des concepts irremplaçables qui tiennent quelquefois autant de place que le contenu littéraire. Certes, la technologie évolue à grande vitesse, mais ces éléments essentiels ne seront jamais remplacés par un écran, fut-il designé par Jonhatan Ives !

Paul Daelewyn et son épouse en dédicace sur le stand Serre Éditeur
L'écrivain belge Paul Daelewyn et son épouse dédicacent
"La Côte d'Azur de Georges Simenon" sur le stand de Serre Éditeur

John Lewis Needham, chargé par Google de nouer des partenariats avec les éditeurs français, tentait de répondre à leurs préoccupations économiques essentielles, voire uniques : quid des droits d'auteur ?
Il est vrai que, sur ce plan, les réponses apportées par la multinationale californienne étaient pour le moins maladroites et en tout cas peu adaptées à notre pays. Basés sur des lois américaines, les contrats proposés restent abscons, paraissent confus et bien trop brefs aux yeux de juristes formés au droit latin et au papier timbré.
Google, décidément très conciliant - il est vrai que le français, troisième langue parlée dans le monde, ne peut manquer d'exciter ses convoitises - promet, dans ses futures propositions, de tenir compte de cette réalité. Cependant la tâche sera rude pour convaincre les grands éditeurs de s'embarquer dans le très impressionnant train à grande vitesse Google.
Il serait dommage, une fois de plus, que les décideurs culturels français le prennent en marche et en retard ou pire encore, le ratent…


 

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