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À l’occasion de la donation Jaqueline Semprun à la ville de Saint Étienne de Tinée, une exposition consacrée au peintre Gonzalo de Semprun est présentée du 8 au 28 février 2016 dans le hall du cinéma Le Riounet à Auron.
expo gonzalo semprun sqEXPO GONZALO DE SEMPRUN - Architecte de profession, Gonzalo de Semprun n’a cessé de peindre toute sa vie des tableaux pour la plupart abstraits aux couleurs vives. Hélène Jourdan-Gassin, commissaire de l’exposition, raconte sa rencontre avec Gonzalo de Semprun, frère de Jorge Semprun, qui considérait son oeuvre davantage comme une recherche. Attaché à Auron où il avait construit un chalet pour son fils, Christian Corbel, moniteur bien connu de la station, il est enterré au côté de celui-ci dans le cimetière de Saint-Etienne-de-Tinée.
 
Exposition Gonzalo de Semprun
Du 8 au 28 février 2016
Hall du cinéma Le Riounet
AURON
Vernissage le 7 février 2016 à 17 heures
 
Texte de Jorge Semprun sur l’oeuvre de son frère Gonzalo de Semprun
Quelle catastrophe a-t-elle éparpillé les éléments matériels du monde, déstructurant toute idée d’ensemble, 
fragmentant la vision des paysages imaginables ?
Une catastrophe intime, peut-être.
Qui aurait abouti à une sorte d’étrange sérénité.
Paisiblement, en apparence du moins, 
le peintre réduit les bribes, les brindilles,
les bouts épars de la réalité humaine – urbaine ou naturelle 
qui ont surnagé au déluge incertain.
Il les met à plat, sans doute pour en faire le compte, l’inventaire.
Pour que leur assemblage ou frottement produise l’étincelle du sens : l’annonce d’une signification.
Voici les pièces du puzzle, du casse-tête chinois qu’est devenu le monde.
Avec une obstination farouche, mais totalement dépourvue d’agressivité,
le peintre nous livre les traces matérielles d’un monde à réinventer.
 
Jorge Semprun,
1998
 
 
Texte d’Hélène Jourdan-Gassin, commissaire de l’exposition
 
Alors que Nathalie et Danielle de La Gorce travaillaient avec moi à la conception de la plaquette qui accompagne l’exposition des peintures de Gonzalo de Semprun, elles me demandèrent quelle œuvre de l’artiste je souhaitais voir accolée à mon texte et l’image qui me revint en mémoire fut cette peinture solaire accrochée au mur du salon des Semprun, lors de ma première visite… Sans doute à cause de mon goût pour la peinture, je n’oublierai jamais cette rencontre même si elle date de 1970… Fût-elle le déclencheur de mon travail autour de l’art contemporain ? Je ne pourrai le certifier, mais elle en est cependant une des composantes comme quelques années plus tard, mes rencontres avec des artistes tels César, Arman, Ben, les créateurs de Support Surface, le Groupe 70 et de tous ceux qui ont constitué ce qu’on appelle aujourd’hui l’Ecole de Nice. 
Gonzalo de Semprun n’en faisait pas partie, d’abord parce qu’il était un peu plus âgé que ces artistes qu’il connaissait bien, Albert Chubac en particulier, mais parce que son métier d’architecte occupait son temps, mais pas tout son temps puisque à côté, il peignait sans relâche, laissant à Jacqueline, son épouse, un atelier de plus d’une centaine de toiles…Mais aussi parce qu’occupé à bâtir, il ne cherchait pas à se faire connaître à tout prix. Sa passion, il l’assouvissait dans le silence de son atelier et la communiquait davantage à ses amis et sa famille qu’à un public qu’il ne se sentait pas vraiment prêt à affronter, se disant être « dans la recherche, sans encore avoir vraiment trouvé… »
Si j’évoque aujourd’hui ce recul par rapport à une reconnaissance, c’est que je m’y suis heurtée une fois faite mienne la profession de galeriste… Le temps et les circonstances m’ayant éloignée de cette famille illustre par bon nombre de ses membres, dont le plus célèbre fut Jorge Semprun, je retrouvai Gonzalo des années plus tard et à mes questions sur le devenir de son art, il répondait toujours avec sa trop grande modestie et d’une voix dont j’entends encore la douceur et l’imperceptible accent castillan : « ce ne sont que des recherches…»
 
Lorsque ses enfants et leur mère se sont tournés vers moi pour que je les aide à faire connaître, hélas de manière posthume, l’œuvre de Gonzalo de Semprun, j’ai accepté avec joie cette marque de confiance et en découvrant ce fonds de peintures étonnant, j’ai fait des choix qui expriment, je l’espère, assez bien la richesse de cette peinture dans ses sujets, ses techniques, ses supports avec comme dénominateurs communs, un don incontestable de coloriste et une connaissance de l’équilibre dans la construction des formes. 
Cette œuvre essentiellement abstraite, exception faite de quelques portraits dont celui de Jacqueline, a-t-elle été influencée par les grands artistes du XXème siècle ? Certainement comme l’est, consciemment ou inconsciemment, toute œuvre aujourd’hui. Disons que de la description figurative, Semprun glisse vers le corps en mouvement, je pense à Bachi Bouzouk, 1955 ou encore ce clin d’œil à Salvador Dali avec Toréador, 1953, puis à Danseurs, 1974 ou Clown dansant, 1974… Viennent ensuite des formes géométriques qui l’apparentent à certaines toiles de Juan Gris pour aller vers des constructions très architecturales, Grille rouge, 1974, Flèches, 1979. Les corps deviennent motifs dans Gambille, 1995, Embrouilles, 1994, Farandoles, 1997, pour laisser place aussi à de grandioses explosions de couleur.
Si les peintures de Semprun m’évoquent les Espagnols Juan Gris, Dali ou encore le Cubain Wifredo Lam, le Chilien Roberto Matta, c’est que l’essence de son œuvre est fondamentalement hispanique et que le rouge, sa couleur dominante, fait éclater une violence qui rappelle la tauromachie… mais libre à chacun de n’y voir que du feu ! 
 
Vous vous demandez sans doute ce qui lie Gonzalo de Semprun à Saint-Etienne-de-Tinée et Auron ? À Auron, l’architecte Semprun a construit pour son fils Christian Corbel, moniteur bien connu de la station, un charmant chalet dans la nature, et à Saint-Etienne, Gonzalo de Semprun et Christian Corbel reposent côte à côte, dans le cimetière de la cité.
Jacqueline, épouse du peintre et mère du moniteur, a voulu célébrer cette présence en faisant don à Saint-Etienne-de-Tinée d’une vingtaine d’œuvres de son mari. 
 
Hélène Jourdan-Gassin,
Commissaire de l’exposition
 
 
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Gonzalo de Semprun et son épouse (photo DR)
 
Texte de présentation du peintre
 
Gonzalo de Semprun est né en 1922 à Madrid dans une famille d’intellectuels et d’artistes, passionnés par la politique. L’Espagne est alors une monarchie, son grand-père maternel Antonio Maura a été à cinq reprises chef du gouvernement du roi Alphonse XIII. Son avenir semble tracé, une enfance choyée, une jeunesse dorée... Et c’est le contraire qui arrivera : sa vie va glisser de tragédie en tragédie. Première tragédie, la mort de sa mère en 1932, il a à peine dix ans. La République a remplacé la monarchie en 1931, son père, José Maria de Semprun, est nommé gouverneur de Tolède, un de ses oncles maternels Miguel Maura est ministre de l’Intérieur.
En juillet 1936, une rébellion militaire, dirigée par le général Franco, se répand dans le pays : 
c’est la guerre civile. Les troupes franquistes se rapprochent du pays basque où toute la famille Semprun est en vacances,  José Maria Semprun décide de se réfugier en France. C’est l’exil, la deuxième grande catastrophe. Ils quittent l’Espagne sans rien pouvoir emporter « même pas une photo de leur mère » dira Gonzalo. Leur errance les emmène de France en Suisse, puis aux Pays-Bas où le père est nommé ambassadeur d’Espagne.
1939, victoire de Franco et disparition de la République. La famille s’installe alors en France, à Saint Prix dans la banlieue parisienne. Les deux frères aînés Jorge et Gonzalo terminent leurs études secondaires au Lycée Henri IV à Paris lorsque survient la troisième catastrophe : la seconde guerre mondiale et son cortège de barbaries. 
Après la guerre et un séjour dans un sanatorium suisse pour soigner une tuberculose, c’est à Genève que Gonzalo de Semprun entame des études d’architecture et c’est là qu’il commence à peindre pour ne plus jamais s’arrêter. L’architecte, le peintre vont s’attacher à « réinventer le monde » comme le dit si bien Jorge Semprun dans le beau texte qu’il écrit pour présenter l’exposition de son frère.
 
Pour financer ses études, Gonzalo est obligé de travailler. Il sera traducteur à l’Organisation Mondiale de la Santé. C’est là qu’il rencontre Jacqueline qu’il épouse en 1953. Une fois son diplôme obtenu, un de ses camarades des Beaux Arts, Pierre Tobolka, lui propose de venir travailler avec lui à Nice dans le cabinet d’architecte qu’il vient d’ouvrir. Nous sommes en 1956 et tout de suite c’est l’éblouissement, le coup de foudre pour Nice et sa région ; il ne quittera plus jamais cette ville où il va passer plus de cinquante ans. 
Gonzalo y retrouve deux cousins, deux fils de Miguel Maura, l’ancien ministre républicain. L’aîné Alvaro Maura est promoteur immobilier, ils vont donc
travailler ensemble.
Et, bien sûr, il continue à peindre mais contrairement à Genève où il était contraint faute d’argent de peindre sur des cartons, cette fois il le fera sur des toiles de plus en plus grand format.
Cette activité, cette passion plutôt, lui a permis disait-il en souriant « d’éviter la pratique du golf et de la voile de plaisance ». Mais elle ne l’a pas empêché d’explorer la région, de découvrir tous ses villages, d’Eze à Saint Martin Vésubie, d’Aspremont à Coaraze, en passant par Cagnes, Vence et Auron, où il construit un chalet pour son fils. Il y rencontre ses amis peintres : Albert Chubac à Aspremont, Angel Ponce de Léon à Beaulieu. 
Dans la dernière partie de sa vie, après sa retraite, il va enfin pouvoir passer tout son temps à peindre. Il commence à montrer son oeuvre à des amis d’abord, puis à des connaisseurs comme Daniel Cordier et enfin à des galeristes - une exposition est organisée à Paris en 1998 à la galerie Pascal Gabert.
La maladie va bientôt l’empêcher de poursuivre. Il décède en 2011. Selon ses voeux, il est enterré à côté de son fils Christian dans le petit cimetière de Saint-Étienne-de-Tinée.
 
Danielle de La Gorce
 
 

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