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michel-meini-la-gaudeIBM LA GAUDE MEÏNI - Beau consensus politique autour de potentielles menaces de délocalisation de Big Blue IBM, le géant américain, et plaidoyer de Michel Meïni, maire de La Gaude, le site d’implantation historique de la firme, pour plus de transparence et de dialogue.

Petit rappel des faits en préambule, tels qu’envoyés par Marc Daunis, sénateur-maire de Valbonne-Sophia (l’autre site IBM en Alpes-Maritimes) aux bons soins d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif.

En février 2011, première alerte : la direction d’IBM envisage un projet de déménagement du site gaudois vers Sophia. Projet vite abandonné, mais côté salariés, la méfiance s’installe. D’autant qu’en juin de la même année, on parle cette fois de délocaliser les activités de la propriété intellectuelle de La Gaude vers l’étranger. Plausible, au vu des 3.300 suppressions de postes en France sur la dernière décennie.
En janvier 2012, IBM France annonce le transfert de son site de Sophia vers La Gaude… Un jeu de chaises musicales qui ne laisse rien présager de bon, et qui mobilise salariés et syndicats.
En juillet 2012, c’est du concret : l’annonce d’une cessation de certaines prestations effectuées en sous-traitance par des sociétés locales au profit de la République tchèque, de la Pologne, de l’Inde… Une cessation qui touche ou touchera, selon les organisations syndicales, quelque 150 emplois in situ.
Enfin, fin octobre, la direction d’IBM France évoquait « le lancement d’une réflexion concernant son implantation dans les Alpes-Maritimes.» 650 salariés, 180 prestataires : les locaux historiques de La Gaude (dont le bail expire en 2015) tremblent de tous leurs murs. On parle d’un « regroupement de sites », maintien dans la configuration actuelle, plaine du Var ou 100% Sophia. On parle aussi de tour de passe-passe pour faire gober l’amère pilule d’une délocalisation inéluctable, malgré les bénéfices du groupe. On parle enfin d’une quasi-escroquerie au crédit-impôt-recherche, perçu ici pour des effectifs planchant ailleurs. Le climat se couvre et les élus entrent en piste : Marc Daunis (PS) côté appel d’urgence au gouvernement, Michel Meïni (UMP) façon médiateur entre direction, salariés et bonnes volontés locales.

 

Elu en 2008, Michel Meïni ne se fait pas d’illusion: « on sait depuis une vingtaine d’années qu’IBM La Gaude, comme d’autres grands centres français, sont amenés à réduire leur masse salariale, et à re-concentrer certaines prestations. Et nombre d’élus (pas seulement gaudois) ont considéré qu’il n’y avait pas de problème. C’est vrai si l’on regarde les chiffres, IBM est une belle société. Mais la logique financière a pris le dessus, et l’on doit aujourd’hui faire face à des décisions violentes, prises sans concertation, d’où deux attitudes possibles pour l’élu: où il considère que ce n'est pas dans son domaine de compétence, ou il est, et c’est mon cas, aux côtés de ceux qui font la force de l’entreprise, les salariés. » Une implication qui, paraît-il, a déplu au niveau national et international, surtout venant d’un élu UMP… Mais Michel Meïni ne se taira pas, « nous sommes dans un pays de liberté, comme d’ailleurs aux USA, et j’ai dit ce que j’avais à dire, tout simplement. Et oui, il y a quelque part, dans le monde d’IBM, des voyous. Au mois d’août dernier (on notera la date, en pleine vacances…), on a choisi de faire sortir des sous-traitants du réseau. Ce ne sont pas des pratiques. Nous avons bougé tout de suite, et de 70 licenciements, nous sommes passés à 30. Mais aujourd’hui, le problème est beaucoup plus conséquent: une délocalisation d’IBM La Gaude sur Sophia, ou sur Marseille, ou… ailleurs. Je considère donc qu’il faut réagir, se mettre autour d’une table, dirigeants, élus locaux, salariés, syndicats, Etat. »
Dont acte: Monsieur le maire sort son agenda et contacte les parties prenantes. Pour l’heure, accord des salariés, de Marc Daunis, soutien indéfectible malgré la politique opposition, mais pas vraiment de date fixée concernant Métropole et Conseil général (en pleine campagne interne derrière Fillon, et oui, il y a des priorités dans la vie politique locale…) ni du côté de la direction d’IBM. Alors, l’on reste dans l’expectative: qu’est-ce vraiment, cette « étude sur les différentes orientations envisagées» par IBM pour les Alpes-Maritimes. Trois choix possibles: un maintien in situ, à La Gaude comme à Sophia, mais alors pourquoi tout ce tintouin? Une implantation à Sophia, alors que l’unité était menacée il y a un an à peine? Quant au déménagement dans la plaine du Var, voilà qui inquiète: côté mairie, Michel Meïni n’en voit pas l’intérêt, « aller dans la plaine plutôt que sur la colline qui surplombe n’a pas de sens, en termes stratégiques comme pratiques. Cela signifierait qu’IBM cherche uniquement une vitrine pour rester dans le département, pour une cinquantaine d’emplois tout au plus. Une manœuvre que je ne comprendrais pas… Dans l’OIN, ils y sont déjà à La Gaude. Et s’il y a d’autres problématiques, alors, qu’ils les expliquent! »
Côté Intersyndicale, c’est encore plus précis: « lors du dernière comité d’entreprise, nous avons demandé la garantie de l’emploi en cas de déménagement. Une question actée. Pas de réponse, la conclusion est facile… La plaine du Var, pour quoi faire? Pour y asseoir un showroom, une communication, et continuer à toucher les subventions et le crédit-impôt-recherche. »
Car c’est là que le bât blesse: 24M€ de subventions à l’innovation selon les médias bien informés, une augmentation de 15 à 20% du rendement d’ici 2015, un beau contrat tout neuf avec la Métropole pour construire la ville de demain… made in India. Et les syndicats unis à La Gaude voient d’un mauvais oeil une fusion, même administrative, avec Marseille, ce qui amoindrirait de fait leur poids dans la balance du dialogue social. Ils scandent: « c’est une opération à tiroirs, pour nous essouffler et nous faire disparaître à terme. » Michel Meïni, lui, préfère garder un espoir de façade, mais prépare déjà l’avenir (voir notre encadré). Même s’il s’avoue plus que préoccupé par le sort des quelque 900 emplois sur la sellette, IBM et sous-traitants mêlés. « Nous parlons d’êtres humains avec une plus-value extraordinaire, dont il faut prendre le plus grand soin. C’est pour cela qu’il faut instaurer un dialogue au plus vite, pour enfin comprendre. Il semble évident qu’IBM est efficace sur son cœur de métier(s). Si les soucis viennent de la crise, alors il faut le dire, car de l’extérieur, côté chiffres, ce n’est pas très visible. Et s’il y a derrière quelque chose à cacher, il est grand temps de l’exprimer. Que l’entreprise crée de la richesse, c’est normal. Mais que l’entreprise, quelle qu’elle soit, le fasse avec une certaine éthique me paraît tout aussi normal. »
Quitte à accorder à IBM quelques concessions? « Qu’ils me demandent, je suis au service des salariés comme je suis au service des entreprises. Mon boulot, c’est de soutenir l’activité économique. Je veux que les volontés se rejoignent, je ne veux plus parler par communiqués de presse interposés. » L’intersyndicale, elle, n’y croit plus vraiment: trop de coups bas, pas de réponses, la chronique d’une fusion sud-est annoncée avec son lot de licenciements. La pilule est amère, et le fameux dialogue est attendu.


Isabelle Auzias
La Tribune Côte d'Azur

Un bâtiment à optimiser

Un site de 35.000m², classé au patrimoine. Qui dépend en partie de la décision d’IBM. Mais pour Michel Meïni, le gros œuvre a déjà commencé: « il y a de l’espace disponible, que nous pourrions affecter à d’autres entreprises. Pour ma part, mon projet est aussi d’en faire un campus, autour de l’Institut des soins infirmiers (600 étudiants déjà installés). A nous, les collectivités, de faire au mieux dans un environnement idéal, en jouant sur la réputation des lieux, dans cet incroyable bâtiment construit il y a plus de 50 ans et toujours aussi fonctionnel, modulable à l’envi. Une prouesse technique pour l’époque! Nous avons tous les atouts pour réussir une transition efficace et concertée qui sera sans doute utile face à la diminution des effectifs d’IBM. » Est attendu bien sûr Malongo, « l’arrivée d’une belle entreprise qui n’a échappé à personne, judicieuse en matière de commerce, sur 10.000m² de constructions à réaliser, entre le siège, l’usine et le musée…» Et Michel Meïni multiplie ses chances: « depuis plusieurs semaines, un ingénieur (gaudois) de l’Ecole centrale, ancien dirigeant du plus gros cabinet d’expertise en ingénierie de France, a été chargé par la commune de prendre des contacts avec des entreprises qui feraient bon voisinage avec IBM, mais aussi avec de grandes écoles. Je crois vraiment que le site peut connaître un nouveau développement, autour des métiers sanitaires et technologiques en particulier. Nous avons déjà des touches, des rendez-vous sur Paris, le travail avance… Encore une fois, il est nécessaire que les élus se mobilisent pour l’avenir. » Et le maire sait vendre ses bâtiments: entreprises, salles de classe ou stockage, tout est possible, et 15.000m² seraient d’ores et déjà potentiellement disponibles.


Ce qui émeut l’Intersyndicale…

Il y a bien sûr les subventions et les Crédits Impôts Recherche dont profite amplement IBM France, une situation qualifiée de « désengagement industriel systématique malgré les deniers publics ». Mais il y a surtout quelques manœuvres propres à clairsemer les rangs syndicaux en interne, en favorisant les regroupements d’établissements, et en éloignant donc le pouvoir décisionnel des salariés. La Gaude n’est d’ailleurs pas le seul site concerné : Orléans, Nantes, Marseille sont elles aussi en attente d’une probable fusion, à l’heure où trois des dix comités d’établissements ont d’ores et déjà été supprimés. Et les syndicats d’expliquer : « par ce nouveau découpage (La Gaude est rattachée à un grand département sud-est), l’employeur pourrait nous muter dans n’importe quel site du périmètre du comité, la clause de mobilité étant inopérante dans ce cadre. (…) Cette modification, si elle a lieu, va gravement impacter notre temps de trajet, donc notre vie personnelle, et accélérer la montée de stress. » La Gaude-Sophia et Marseille sont donc désormais liées, et s’il ne devait en rester qu’une, personne ne mise sur l’implantation maralpine…


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