NICE organise du 4 au 8 août 2010, une semaine Tahitienne qui consacre les liens d’amitié privilégiés entre les Villes de Nice, capitale de la Côte-d’Azur, et Papeete, capitale de la Polynésie française. Ces relations amicales ont abouti, le 20 novembre 2009, par la volonté commune du Maire de Papeete, Michel Buillard, et du Maire de Nice, Christian Estrosi, au jumelage des deux villes.
L'occasion pour Nice RendezVous de rappeler La " GRANDE AVENTURE du CARNAVAL de NICE à PAPEETE "
En 1996, Michel Buillard, alors tout jeune maire de Papeete et ministre de la jeunesse et de la ville dans le gouvernement de la Polynésie française, fit appel à la Ville de Nice pour créer un carnaval à Tahiti. En effet, les essais nucléaires dans le Pacifique étaient condamnés à brève échéance ainsi que l’aide financière qui en résultait pour la Polynésie. Il fallait donc, se préparer à mettre en valeur d’autres ressources économiques comme le tourisme, et le carnaval pouvait en faire partie, selon l’idée de certains commerçants basés à Tahiti qui avaient des attaches à Nice.
Annie Sidro, historienne du carnaval de Nice et alors experte carnaval auprès de l’Unesco fut invitée à se rendre en mission à Papeete où elle rencontra la dynamique équipe de Michel Buillard et la directrice du Musée des îles de l’époque, Manouche Lehartel et son collaborateur Heremoana, devenu depuis le directeur de la Maison de la Culture et le Président du GIE Tourisme.
Dés l'origine, le projet du carnaval tahitien ne voulait pas être une copie conforme du carnaval niçois, mais plutôt retrouver des traditions locales, qui selon la cosmogonie du monde pouvait avoir des points de ressemblance, comme la cérémonie des Arioi vers la fin octobre.
Annie Sidro retourna à Tahiti avec une équipe de carnavaliers niçois; en novembre 96 avec Patrick Trimarco, puis en mai 97, avec Patrick Trimarco, Alex Mignone, Patrick Pedemonte, Gilles Lombard, pour former des jeunes tahitiens - et ils furent plus de 300 - aux techniques de sculptures de sujets et mannequins carnavalesques, et de montage de chars.
Ce beau projet fut bâti sur le concept modèle et original de Carnaval et politique de la ville, qui avait été éprouvé avec succès à Nice en 1993, 94, 95 avec la Parade, la Mascarade, Ciné Harlequins.
L’objectif du projet était de former à des activités nouvelles des jeunes en difficulté, en recherche d’insertion, afin de leur faire connaître de nouvelles activités artistiques et participer à un événement public où ils pourraient être reconnus et fêtés, au lieu de provoquer des violences.
En effet, Tahiti venait de connaître quelques difficultés avec des jeunes (de Faa) qui s’étaient manifestés violemment à Papeete, et cette nouvelle activité autour du carnaval permit un essai qui s’avéra positif.
Près de 300 jeunes, issus de divers milieux associatifs de Tahiti, reçurent une formation de la part des carnavaliers niçois et d’Annie Sidro pour la dramaturgie et la connaissance globale de l'organisation des carnavals du monde.
Encore aujourd'hui Sidro se souvient avec émotion de cette période : "Nous fûmes émerveillés par l’enthousiasme et le talent de nos élèves qui apprirent très vite. L’un de nos élèves Prosper Meunier, dit Popeye, créa par la suite sa petite entreprise de « carnavalier » et épousa l’une des stagiaires Vanessa, l’une des plus douées en sculpture. Michel Buillard mit en place une équipe pour organiser le Carnaval sous la présidence du Docteur Richard Wong Fat, devenu depuis president de l’ordre des médecins à Tahiti, avec Clément Le Gayic, Dr du carnaval et Manouche LeHartel, Dr. artistique, et Heremoana, grand animateur."
Annie Sidro initia les membres de cette formidable équipe aux secrets carnavalesques à Tahiti mais aussi au Carnaval de Nice, auquel conviés ils assistèrent en 1997.
Enfin lors des derniers jours d'octobre 1997, eut lieu à Papeete, le premier carnaval de Tahiti …
"POUR UN COUP D’ESSAI CE FUT UN COUP DE MAÎTRE ! ", titra la Dépêche de Tahiti.
Cet événement avait réuni le soir 30 000 personnes à Papeete, venues de toute l’île, pas moins de 11 communes étant impliquées avec ses représentants dans le carnaval. Du jamais vu, car généralement environ 5000 personnes venaient à Papeete pour fêter de grands événements. Ce soir là, dit Annie Sidro "je reçus le plus beau compliment de ma vie de la part de mon cousin Hiria Ottino : Annie, j’ai compris ton job, tu donnes le bonheur aux gens…Oui, c’était la fête et la joie de vivre, ce grand soir là."

Le carnaval de Tahiti, dura jusqu’en 2003 et fut supprimé à la suite des bouleversements politiques qui secouèrent la Polynésie.
Ainsi se termina une très belle aventure, qui permit d’impliquer plusieurs centaines de jeunes et qui mériterait d’être reprise sous une autre appellation sans doute car le mot carnaval choque à juste titre les puristes ne faisant pas partie de la culture polynésienne. Annie Sidro quant à elle défend surtout l’esprit de cette fête, qui, professe-t-elle, "nous relie où que nous soyons à la cosmogonie d’un monde universel, aux peurs, aux croyances et aux fêtes des premiers hommes" avant de désigner affectivement le carnaval de Tahiti comme "l’une des plus belles expériences de ma vie, grâce au talent et à l’amitié des Tahitiens".

Mais revenons en 2010 et à cette première semaine Tahitienne…
Pendant ces quatre premiers jours d'août, une délégation de plus d’une centaine de Tahitiens va partager avec le public niçois la culture polynésienne et ses traditions, dans une ambiance de fête, d’enchantement et de plaisir pour tous.
Les Niçois pourront vivre à l’heure polynésienne et se laisser séduire par les parfums, saveurs, couleurs et rythmes envoûtants des îles du Pacifique, mais surtout par la convivialité des Tahitiens, à travers de nombreuses animations, spectacles et attractions festives.

Vive le Jumelage de Nice et Papeete…