ANTIBES COTE D'AZUR - Mandaté par le Ministère de l’écologie, un groupe d’experts planche sur l’aménagement possible du port et du vieil Antibes.

Aménager demande du temps et de la réflexion. Fort de ces grands principes, l’Atelier Littoral est venu revisiter le quartier Vauban et le vieil Antibes. L’initiative émane du Ministère de l’écologie qui mobilise une équipe d’architectes, d’économistes, de paysagistes pour inventer un scenario possible sur 10 à 20 ans à l’échelle d’une ville ou d’un territoire. En 2010, l’Etat a choisi les sites de Guérande, de la baie de Morlaix, de Collioure, de la Côte Vermeille et d’Antibes. La réflexion veut casser l’urbanisation du « coup par coup », selon les opportunités ou les modes immobilières du moment : une sorte de valeur ajoutée dans la réflexion urbaine propre à esquiver les erreurs du passé. Cette mise en perspective additionne les compétences multiples et complémentaires d’une équipe extérieure jetant un regard novice sur le périmètre sélectionné, sans la pression d’intérêts locaux (promoteurs, associations…) ou politiques.

Pour Antibes, l’équipe se composait du paysagiste Michel Corajoud, de l’urbaniste et professeur Laurent Davezies, de l’ingénieur environnemental Arnaud Tresvaux du Fraval, des architectes Alvaro Siza, Eduardo Souto de Moura et Edith Girard. Ils ont réfléchi sur le devenir possible du site des pétroliers (port Vauban) et des ilots Paul Arène et Marenda/Lacan, entre vieil Antibes et centre ville. L’ex-site des Pétroliers a concentré l’attention des professionnels, point névralgique, porte d’entrée de la cité, au pied du Fort Carré, face aux remparts.

Ils ont intégré dans leurs réflexions la gare SNCF, ont imaginé une urbanisation raisonnable avec des immeubles de trois à six étages, le tout agrémenté d’un vaste parc. C’est ici qu’ils situent la gare intermodale (10.000 m² pour un niveau) venant obturer depuis le port la vision de cette vilaine balafre ferroviaire. Atout supplémentaire : 870 places de parking avec des liaisons piétonnes désenclavant le port vers le nord. L’ensemble représente près de 60.000 m² de planchers dont des bureaux (15.000 m²), un hôtel (2.500 m², 80 chambres), des commerces (10.000 m²) et des logements (5.000 m²).

Jean Leonetti, député-maire d’Antibes, et Michèle Muratore (PS) regrettent pourtant que l’étude ne gomme pas les installations ferroviaires par une dalle de couverture, supprimant ainsi une nuisance visuelle et permettant d’aménager des équipements publics. Pour l’ilot Paul Arène et Meranda, notre équipe suggère des bâtiments de deux à quatre niveaux accueillant des équipements culturels (2.000 m²), un multiplexe (10.000 m² sur quatre niveaux), une école et des logements (4.700 m²). L’objectif est de raccrocher ce « no man’s land » à la vitalité nocturne du port et au cœur commercial de la cité. Une réflexion qui devrait alimenter les débats des élus et les aider, à terme, à trancher.

 

Michel Bovas
LA TRIBUNE CÔTE D'AZUR 

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