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nice-monument-a-seguraneFNAC DRAPEAU PHOTO - Devenue "affaire nationale" par la seule volonté d'hommes politiques désireux de relancer un débat sur l'identité nationale moribond (et surtout totalement inopportun), la polémique sur la photographie élue "Coup de Coeur du Jury" au "Marathon Photo" de la Fnac Nice, en mars dernier, prend désormais une tournure nauséabonde avec la procédure de licenciement pour faute grave engagée à l'encontre de deux salariés de la FNAC, jugés responsables (et vraisemblablement coupables, vu la disproportion de la sanction) de cet outrage délibéré à l'un des grands symboles nationaux…
Il n'entre pas dans mes intentions de faire un énième historique des faits, largement relatés tant sur le net que dans la presse écrite. Mais plutôt d'essayer de décrypter les tenants et les aboutissants d'une affaire aux conséquences pitoyables.

La photo en cause d'abord.
Disons le tout net, selon moi elle n'a rien d'artistique et ne possède en tous cas pas les qualités que l'on est en droit d'attendre d'une photo posée. Un point pour ses détracteurs… Mais disons tout aussi clairement que, présentée dans la catégorie "Politiquement incorrect", elle y avait tout à fait sa place, pour peu que nos politiques aient eu la rare qualité de voir un peu plus loin que le bout de leur bulletin de vote ! 
Car, en effet, le cliché s'inscrit tout à fait dans la tradition culturelle niçoise, que l'on peut certes déplorer mais en aucun cas nier ou ignorer. Lorsqu'on élève au rang d'héroïne "nationale" nissarde la Dona Maufacha (la femme mal faite !), la légendaire Catherine Ségurane, dont l'un des exploits supposés est justement de s'être essuyé les fesses avec un drapeau arraché à l'armée ottomane, après leur avoir montré son postérieur, lors du siège franco-turc de Nice en 1543; lorsque chaque année, les plus hautes autorités de la ville vont déposer une gerbe de fleurs au pied du monument élevé à sa gloire en 1923; et alors même que Catherine Ségurane est devenue, au fil du temps, le symbole de la résistance des Niçois à toute forme d'oppression, comment s'étonner que, dans une certaine mouvance indépendantiste, on ait procédé à une transposition contemporaine du symbole !
Ne nous y trompons donc pas : cette photo est bel et bien un acte politique, totalement irrespectueux et stupidement violent bien évidemment, mais politique et donc non condamnable, simplement réprouvable. Dès lors qu'on accepte les valeurs démocratiques, il faut aussi en accepter les excès, réels ou supposés, pour éviter de courir le risque du bananiérisme (que l'on me pardonne ce néologisme à l'élégance plus que discutable !).

Et oui, qu'on le veuille ou pas, qu'on le comprenne ou non, qu'on l'approuve ou qu'on le rejette, il existe bien à Nice un courant indépendantiste, certes très largement minoritaire, certes exagérément violent (verbalement pour le moment au moins) qui s'estime placé en état de servitude par une nation française qu'il rejette. Ce n'est, qui plus est, pas nouveau : on a depuis longtemps oublié le comportement de certains supporters de l'OGC Nice lors de la victoire de leur équipe en Coupe de France, au Parc des Princes en 1997, qui tournèrent délibérément le dos (???) lors de l'exécution de la Marseillaise ! Et on oublie aussi qu'au cours de nombreuses manifestations officielles (dont très récemment celles du 150e anniversaire de l'annexion de Nice à la France), quelques personnes tentent de couvrir l'hymne national en entonnant "Nice la Belle". Doit-on pour autant les traîner devant les tribunaux ? Doit-on jouer à Napoléon III qui fit emprisonner un journaliste coupable d'avoir rendu-compte du côté obscur de sa visite à Nice en septembre 1860 ? La violence n'a jamais été une réponse adéquate à la violence et le procureur Éric de Montgolfier ne s'y est pas trompé quand il classa sans suite, sur le plan juridique, l'affaire de la photo de Nice !

La sanction dont sont victimes les deux employés de la Fnac ensuite :
il ne fait plus de doute pour personne qu'il s'agit de la réponse confuse, inappropriée et surtout injuste d'une direction "empéguée" dans ses contradictions, mais le doigt sur la couture du pantalon face au pouvoir. L'Agitateur Culturel depuis 1954 serait-il victime de sénilité précoce au point ne n'être plus capable, à 56 ans, que d'agiter les fraises (non, non, je n'ai pas écrit billets de banque) qu'il sucrerait abondamment ? En d'autres temps, le distributeur nous avait habitué à mieux. Puisque le pouvoir a demandé des têtes : qu'elles tombent et tant pis pour les victimes. Messieurs les Censeurs, souvenez-vous quand même de Robespierre qui, à force de faire tomber des têtes, en a perdu la sienne !
Car enfin, à qui fera-t-on gober que cette affaire est le seul fait d'une responsable de communication et d'un cadre de direction dont l'unique tort a été d'être de service un samedi ? J'imagine tellement bien la jeune et jolie Julie T., Kalachnikov à la ceinture, en train d'imposer ses vues à un jury terrorisé qui va se plier à ses humeurs de femme enceinte comme un vulgaire patron de grande surface face à des politiques incultes et obsédés. Et aussi ce jeune cadre en train de prendre son pied devant la photo incriminée …
C'est quand même, ne l'oublions pas, un jury qui a décerné son "Coup de Cœur" à ce que je n'oserai toutefois pas appeler une œuvre d'art.
À Cannes, ou ailleurs, lorsqu'un film contesté, ou contestable, est primé, on tance le jury, on crie au scandale, on s'excite, on manifeste ou on s'insulte. Mais on ne licencie pas le projectionniste.

Blaise Pascal, après Montaigne, disait déjà : "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà". Dans quel monde étrange vivons-nous, où l'on se gausse de caricatures insultantes du Prophète, le symbole le plus sacré qui soit des Musulmans (j'aurais pu aussi utiliser l'exemple des effigies du Christ détournées dans des publicités ou des films), et où, dans le même temps, on s'offusque, telle une vierge effarouchée, d'une atteinte à un autre symbole qui, celui-là, n'appartient qu'à nous ?

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