PANNE ÉLECTRICITÉ - La panne qui a privé d’électricité un million et demi de foyers lundi, de 9h38 à 13h10, dans les Alpes-Maritimes, le Var et Monaco est un signal d’alarme. Un avertissement quasiment sans frais- il n’y a pas eu de victime ni d’incident majeur, adressé à l’Etat et aux opposants à la construction de la ligne à « très haute tension » (400 000 volts). Elle devait relier Boutre (Var) à Carros (Alpes maritimes) en traversant le site classé du Verdon afin de sécuriser l’approvisionnement en électricité de la Côte d’Azur. Le 10 juillet 2006, le Conseil d’Etat annulait la déclaration d’utilité publique de cette ligne en faveur de RTE-EDF gestionnaire du réseau d'électricité .

Les opposants, au nom de la préservation du parc du Verdon, évoquaient une « victoire historique ». Une victoire, cependant que la panne d’électricité de lundi relativise. Génération Ecologie assurait que le « projet de nouvelle ligne de 400 000 volt, avait pour vocation de vendre de l’électricité à l’Italie sous le prétexte d’une meilleure sécurisation de la distribution d’électricité dans les Alpes-Maritimes ».

Désormais, cette approche apparaît contestable face au risque réel de black out qui paralyserait le Sud Est. Il s’agit de la coupure totale de toute une zone géographique voire d’un pays entier. Ce cas s’est produit en septembre 2003 en Italie et au cours de l’été 2003 sur la côte est des Etats-Unis. Un black-out correspond à un incident très grave ou non maîtrisé. Plusieurs heures, voire plusieurs jours sont nécessaires pour rétablir progressivement le courant.

Or, cette menace est bien réelle : « l’alimentation électrique de la région Provence Alpes côte d’Azur ne tient qu’à un fil » martèlent depuis des années les responsables du Réseau de transport d'électricité (RTE) Une seule ligne 400 000 volts assure la majorité des besoins électriques de la région.

Partant du poste électrique de Tavel, près d’Avignon, elle dessert toutes les grandes agglomérations régionales jusqu’à Nice. Dès lors, les incendies de forêts, les pics de consommation associés à une vague de froid ou les avaries sur les lignes rendent particulièrement fragile l’alimentation électrique régionale. RTE ne dispose que d’un temps très court pour limiter les reports des flux d’électricité sur les autres lignes disponibles. Il effectue, si nécessaire, des délestages pour éviter un black-out complet de la région.

D’après RTE, les violents orages sont à l’origine de la coupure. Les impacts de foudre ont provoqué la mise hors tension de l’énorme ligne à très haute tension qui alimente le région. L’acheminement de l’électricité s’est ainsi reporté sur des lignes de moyenne importance qui ont progressivement été mises hors tension en raison de leur surcharge.

Catherine Greivelbinger, directrice du système électrique Sud-est de RTE évoque "un arrêt de service" qui se déclenche automatiquement en cas de problème sur la ligne. De fait : le dispositif a "disjoncté" la ligne au moment fort d'un orage.

Comment désormais éviter la grande panne ? Catherine Greivelbinger précise à Nice Matin que « dès cet hiver la pose de condensateurs permettra en cas de forte charge d’éviter tout écroulement de la tension ». Il faudra, cependant, attendre le printemps 2010 pour que la deuxième ligne 225 000 volts soit portée, elle aussi, à 400 000 volts. Pour autant, elle n’aurait pas échappé à la coupure. D’où la nécessité d’autres lignes : « EDF et RTE travaillent sur des itinéraires bis moins lourds que le 400 000 volts Boutre Carros recalé. Mais leur faisabilité devra être validée par tout le monde ». Pour cette spécialiste il y a urgence.

Un point de vue que partage Christian Estrosi, le maire de Nice, a exprimé "sa colère". "Cette coupure est la conséquence de l'enclavement énergétique des Alpes-Maritimes et trouve sa source dans l’annulation du projet de ligne à haute tension Boutre-Carros » a-t-il déclaré. Christian Estrosi a demandé à Jean-Louis Borloo, le ministre de l'environnement, d'engager des "procédures urgentes" pour mettre un terme à cette situation. Le ministre va convoquer une réunion dans les 15 jours. Michel Vauzelle, le Président de la Région a fait part de son indignation « face à cette situation regrettable, qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques », M Vauzelle va demander au gouvernement de diligenter sans délai une enquête pour déterminer les causes de tels accidents .