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NICE Les carnets secrets d'Yves BertrandCARNETS SECRETS YVES BERTRAND - De Paul Barelli à Nice : Les carnets secrets d’Yves Bertrand : chronique des petites hypocrisies d’État.
Heureusement pour lui : Yves Bertrand en a vu et lu d’autres ! Âgé de 64 ans, l’ancien directeur des RG, Renseignements généraux risque de connaître - le 1er janvier prochain, une retraite agitée. Désormais diabolisé, Yves Bertrand surnommé « le démineur de la République », au regard bougon mais qui «  a des yeux derrière le crâne », selon un proche, a été, à la fois, détesté par plusieurs hommes d’État, policiers ou magistrats et vénéré par d’autres. Pendant douze ans, entre 1992 et 2004, il a servi huit ministres de l'Intérieur, de droite comme de gauche. De nombreux responsables politiques ont tenté de le remplacer à la tête des RG mais «  Bertrand a su essuyer, jusqu’à présent, la tempête », bénéficiant d’appuis influents.
Cette fois, pourtant, il va affronter une tornade judiciaire après la divulgation de ces carnets « noirs » personnels qui prend l’allure d’un feuilleton vaudevillesque. Nombreux en effet, parmi les détracteurs du commissaire Bertrand, souffrent d’amnésie. Lecteurs au sommet de l’État, parfois assidus de ces notes, certains poussent, à présent, des cris d’orfraie en découvrant que leur nom s’y trouve en bonne ou mauvaise place.
A l’origine de leur colère : la publication partielle des cahiers à spirales dans lesquels Yves Bertrand a consigné des notes, brassant soupçons, rumeurs accusatoires, prétendues "affaires" de sexe et d'argent, réunies pendant ses 12 ans à la tête des RG. "Ces brouillons, n’étaient pas destinés à être étalés sur la place publique", a assuré à l’AFP Yves Bertrand, qui en demande la restitution.
Ces 23 carnets ont été saisis chez lui dans le cadre de l'enquête sur une autre affaire, Clearstream, où l'on retrouve plusieurs des noms consignés par l'ex-patron des RG. Nicolas Sarkozy a déposé plainte le 16 octobre contre Yves Bertrand, pour dénonciation calomnieuse. La plainte vise également les chefs de faux et d'usage de faux, de recel et d'atteinte à l'intimité de la vie privée. Pourtant, le commissaire assure que ces notes "Ce sont des brouillons ". Comme on lui demandait s'il avait "partagé ses brouillons et fait circuler les informations ou les ragots qui y figuraient", ainsi que l'affirme l'avocat du chef de l'Etat, il a répondu : "C'est faux, je n'ai jamais rien fait circuler." M. Bertrand a assuré qu'il avait rendu compte de son travail à "la hiérarchie" de Nicolas Sarkozy.
Tour à tour, le député PS Arnaud Montebourg, le sénateur UMP Charles Pasqua ont annoncé leur volonté de saisir la justice. Lionel Jospin se réserve la possibilité de le faire. Dans le Point, l’ancien premier ministre a dénoncé "le nombre extravagant (trente-trois !) de rendez-vous", de janvier 2001 à octobre 2002, entre Dominique de Villepin et Yves Bertrand. M. Jospin estime qu'il y a "scandale d'Etat" si M. de Villepin a encouragé "les opérations de basse police" d'Yves Bertrand. "Malheureusement, les ragots et les rumeurs font partie de la République", a répondu Dominique de Villepin.Un avis que semble partager Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur de juin 1997 à août 2000, il confie au Monde : "C'était une tâche plus que surhumaine que de lire ces tombereaux de notes, mais je m'y adonnais comme Deferre qui disait qu'il les lisait en se bouchant le nez." Façon de souligner que cette pratique remonte à loin. "Mais est-ce que l'on veut que le gouvernement ait des oreilles ou pas ?" interroge M. Chevènement.
Paul Quilès, ancien ministre de l’Intérieur socialiste d'avril 1992 à mars 1993 reconnaît avoir eu connaissance de nombreuses "notes blanches" - ces notes des RG non signées, que lui transmettait M. Bertrand. "Il y avait dedans des choses très importantes concernant l'espionnage, le terrorisme, des problèmes de fond sur la sécurité, et des problèmes de vie privée très pénibles. On trouvait des choses justes, inexploitables et franchement fausses. La difficulté, c'était de trier."
Le Renseignement ne s’accorde pas toujours avec les bons sentiments. Aucune démocratie ne peut se priver d’informations sensibles, parfois ayant trait à la vie privée. Encore faut-il que celles-ci, lues par un petit nombre d’initiés au sommet de l’État, soient exactes. Et ne se retrouvent pas, très curieusement, sur la place publique.

Paul Barelli
Le Petit Niçois

 

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