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CANNES Le Festival International du Film comme si vous y étiez…FIF CANNES - Le Festival International du Film de Cannes comme si vous y étiez grâce à notre guide spécial, Pascal Gaymard, grand habitué de la manifestation et représentant du Conseil général des Alpes Maritimes pour lequel il s’occupe aussi et de fort belle façon de la programmation du cinéma Mercury à Nice. Nul mieux que lui sait décortiquer le programme d’une journée pour y repérer au premier coup d’oeil les bons plans et les bons angles pour assister aux meilleures séances, participer aux conférences de presse les plus croustillantes et gravir les marches en compagnie des stars qui s’y bousculent. C’est partit et c’est sportif.

Mercredi 14 Mai 2008

Aux rendez-vous des habitués de Cannes, c’est l’effervescence, ce sera la cérémonie d’ouverture du 61ème festival en présence du Président du Jury, Sean Penn et de ses ambassadrices de charme, Jeanne Balibar, Natalie Portman, et Alexandra Maria Lara… Un Jury très porté sur les réalisateurs et voulu par les organisateurs, le Président Gilles Jacob et son Délégué général, Thierry Frémaux. A l’image d’une sélection officielle portée sur les nouveautés, ils ont innové en proposant un concert de celui qui a ouvert le Festival mythique de Woodstock, Richie Havens qui a interprété « Freedom », une manière subtile de détourner la commémoration de Mai 68… Claude Lanzmann, à 82 ans, a déclaré ouvert le Festival avec un discours sensible mais un peu long sur l’unité du cinéma, et Edouard Baer a été encore une fois impeccable avec humour, insolence, et émotion en concluant par une phrase symbole de ce qu’est le Festival de Cannes, « Merci d’avoir kidnappé le grand fracas  du monde au profit des humanités les plus singulières »… Et le film qui a suivi, « Blindness » du brésilien Fernando Meirelles ne l’aura pas déçu avec cette métaphore sur le regard de ceux qui ne savent plus écouter, entendre, comprendre, et qui en deviennent aveugles à force d’égoïsme et d’égocentrisme…

Jeudi 15 Mai 2008

Comme l’an dernier, les femmes fortes, sensibles, solides, déterminées…et séduisantes sont de retour…au détriment d’hommes démissionnaires, veules et lâches… Julianne Moore (« Blindness »), hier, et Martina Gusman (« Leonera »), aujourd’hui, n’ont plus le choix. Enfermées, elles doivent prendre leur destin et parfois celui des autres en mains. Que ce soit pour sauver un groupe de personnes ou un enfant à naître, elles ne reculeront devant aucun sacrifice, ni aucun moyen de s’en sortir. Toutes deux postulent pour le prix d’interprétation féminine… Et Pablo Trapera avec son « Leonera » s’est imposé d’entrée dans la cour des grands de Cannes après avoir commis des films intéressants comme « Nacido y criado » (sorti seulement à Nice au Mercury). Le Festival commence fort d’autant que le film israélien d’Ari Folman, « Valse avec Bashir », mi-documentaire, mi-cinéma d’animation sur la guerre au Liban et les massacres perpétrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila a recueilli une belle unanimité des festivaliers, enthousiasmés par la forme qui permet une liberté de ton exceptionnelle et une force rare dans les images… Et ce jeudi aura été riche en émotion puisque du côté d’ « Un Certain Regard », le réalisateur anglais, Steve McQueen, a créé l’événement avec « Hunger », un film coup de poing sur les derniers jours de Bobby Sands… Dure, implacable, précise, sa mise en scène ne laisse aucun répit au spectateur qui se retrouve enfermés avec les prisonniers de l’IRA… Et une ovation d’une vingtaine de minutes pour saluer le travail d’un artiste qui signe là son premier film…et donc concourt pour la Caméra d’Or…

Vendredi 16 Mai 2008

Autre jour, autre univers, après l’enfer carcéral, l’enfer familial. Arnaud Desplechin ouvre la sélection française en compétition avec son beau « Conte de Noël ». Sa famille est éclatée, meurtrie, déchirée…mais la maladie de la mère, Catherine Deneuve, va provoquer un regroupement familial salutaire pour savoir qui sera le donneur compatible pour une greffe de moelle osseuse… L’occasion de régler des comptes, de lever les masques, d’un grand déballage qui est atténué par un montage faisant la part belle à des cartons d’annonces des séquences du film, parfaitement inutiles… le turc, Nuri Bilge Ceylan, « Les Trois Singes », fait aussi dans la chronique familiale autour de la culpabilité, de la lâcheté, de la compromission, où chacun préfère se dédire sur l’autre de ses propres fautes et turpitudes. Il reprend les hantises de « Climats » sans y mettre cette subtilité, ces non-dits (pourquoi ces scènes de violence conjugale qui n’apportent rien à l’histoire ?) de son précédent film même si les images restent éblouissantes… Alors, c’est à « Un Certain Regard » que l’intérêt du spectateur pouvait se porter avec un beau film quoiqu’un peu bavard de Annemarie Jacir, « Le Sel de la Mer » sur le drame palestinien de l’expropriation et le travail de mémoire. Le Festival demeure au cœur des préoccupations du monde et ne joue pas la carte de l’esthétisme pour l’esthétisme comme le souhaite son Délégué général.

Samedi 17 Mai 2008

Toujours familial mais plus sociale pour ce 3ème jour avec encore le Brésil à l’honneur sous les traits de Walter Salles accompagné de Daniela Thomas pour présenter « Linha de Passe ». Il s’agit de conter les affres d’une famille démunie qui essaie de survivre et de réaliser malgré tout ses rêves. Mère omniprésente et pilier de la société brésilienne qui est passée en revue au travers des portraits des 4 fils : l’évangéliste et la foi, le footballeur et la réussite, le livreur et les femmes, le petit dernier et son désir de père autant que de bus… Jamais désespéré mais toujours quelques peu fataliste, la soledad… Et puis, Woody Allen est arrivé avec « Vicky Cristina Barcelona », une satire cynique, fraîche, sensuelle et hilarante du machisme à la catalane. Ces héroïnes lui permettent autant d’assouvir ses fantasmes que de régler ses comptes avec une Amérique par trop pudibonde. Dans ce chaud été catalan, ces deux jeunes américaines en mal d’émotions fortes vont se perdre pour mieux se comprendre et s’accepter… Un chemin que Woody Allen voudrait bien que ses compatriotes s’appliquent à eux-mêmes vis-à-vis de son cinéma. Il n’y avait que lui pour montrer Scarlett Johansson et Pénélope Cruz se laissant aller à quelques attentions buccales dans une salle noire…de développement de photos… Le japonais, Kurosawa Kiyoshi, avec « Tokyo Sonata », fait passer à son pays une radioscopie policée et terriblement efficace. Problème du chômage des cadres, sens de l’honneur, pouvoir patriarcal, misère sociale, engagement militaire…, il détruit morceau par morceau cette famille à la dérive, confronté à un monde qui change trop vite pour eux. Seul l’enfant au piano apporte une touche d’espoir dans un monde résolument déshumanisé ; un chef d’œuvre de sensibilité et de justesse. Enfin, le choc avec « C’est dur d’être aimé par des cons » de Daniel Leconte, l’histoire racontée comme un documentaire sur les caricatures de Mahomet parues dans Charlie Hebdo. Ou comment le droit d’expression devient un enjeu politique voire une cause de salut public. Ne rien céder à l’intégrisme de peur de perdre son âme, voilà bien le message de Philippe Val et de son équipe d’insolents bienfaiteurs de l’humanité…

Dimanche 18 Mai 2008

Les affres du monde n’en finissent plus d’être analysés au Festival de Cannes. Pour l’italien, Matteo Garrone, l’actualité fait la Une avec la corruption, le crime, le scandale des déchets de Naples avec en toile de fond, la camorra. Pour le philippin, Brillante Mendoza, « Serbis » (« Services »), l’humanité se scrute dans un cinéma porno, raccourci d’une micro-société où chacun se crée son propre monde et son propre territoire. Les deux réalisateurs font un constat sans concessions, ordinaire et réelle, souvent caméra sur épaule comme pour un documentaire ce qui renforce la force de leur propos. Dommage qu’une bande son bien trop bruyante vienne gâcher le plaisir du spectateur. En séance spéciale, les amoureux de Wong Kar-Wai ont redécouvert en copie neuve remastérisée, le film de sabre, « Cendres du temps redux » avec ses couleurs étonnantes, ses chorégraphies époustouflantes, ses personnages habités qui passent à côté de leurs vies par orgueil et vanité. Mais, vous le savez déjà, l’événement était bien sur le tapis rouge à 19h. avec l’une des plus belles montées des marches où l’on retrouvait côte à côte Steven Spielberg, George Lucas, Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, Jim Broadbent, John Hurt, Shia Labeouf, Ray Winstone… Un événement people pour un « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal » qui sera dans les salles trois plus tard mais pour lequel tout Cannes a cherché des places durant toute la journée… L’autre événement moins médiatisé mais tout aussi important pour le microcosme cannois, les 40 ans de la Quinzaine des Réalisateurs qui a invité pour la circonstance, son ancien Délégué général durant 30 ans, Pierre-Henri Deleau, et une soixantaine de metteurs en scène. Le documentaire de l’excellent, Olivier Jahan, le « faiseur » des images qui précédent chaque film à la Quinzaine, a séduit un public conquis et fidèle à cette sélection « rebelle » voulue par les réalisateurs au lendemain de Mai 68… Le film sur les 40 ans a été cofinancé par les fonds de soutien d’aide à la production de la Région PACA et du Département des Alpes-Maritimes… Il fallait donc choisir sa fête, Quinzaine ou Indiana Jones…Olivier Père ou Gilles Jacob…


 

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