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NICE CÔTE D’AZUR Un maton au parloir R-L BIANCHINILIVRE ROGER-LOUIS BIANCHINI - Un « maton au parloir » ou les secrets des prisons.
Pour la première fois, un surveillant révèle les secrets de la maison d’arrêt de Nice. Et d’autres établissements pénitentiaires où il a exercé. Ce gardien, Charles Poli s’est confié à Roger-Louis Bianchini, journaliste et écrivain d’investigation au fil d’un ouvrage décapant : «  maton au parloir » (Fayard). Sans langue de bois, ce surveillant brise la loi du silence qui règne dans l’univers carcéral. Et ce qu’il confie déconcerte, grâce aux nombreuses anecdotes,  mais également  par le bilan sévère qu’il dresse des prisons en France. Pendant des années, trafic corruption, chantage abus sexuels, maltraitances et meurtres, il a tout vu.
        « J’ai voulu raconter ce qui se passe réellement à l’intérieur des prisons ». Cette vérité- sa vérité, souligne Roger-Louis Bianchini, ne s’encombre pas des lieux communs de la langue de bois. De la surpopulation mère de tous les conflits à la corruption mère de tous les trafics, les révélations de Charles Poli décrivent la vraie vie carcérale à travers une succession d épisodes  étonnants plus amoraux.
        Et parmi ceux-ci figurent l’incroyable tentative d’évasion de la maison d’arrêt de Nice d’Albert Spaggiari, le cerveau du « casse du siècle ». En juillet 1976, une équipe de « casseurs » avait investi la chambre forte de la Société générale de Nice et pillé 317 coffres. Les malfrats s’étaient éclipsés avec un butin estimé à 5 milliards de centimes de l’époque. Ils avaient creusé un trou dans le mur de la salle des coffres au bout d’un tunnel réalisé à partir des égouts de la ville. C’'est en employant la même méthode qu’Albert Spaggiari a vraiment failli s’évader de la maison d’arrêt de Nice. « Il avait descellé le carrelage et creusé un trou dans le plancher de sa cellule.» Mais la chance n’était pas de son côté. Il s’est heurté aux pierres d’une voûte de la cave de la prison. C’est ce qui l’a empêché d’accéder au sous-sol et, sans doute de se faire la belle, raconte Charles Poli lequel a fait échouer cette tentative d’évasion.
        Charles Poli a assisté à des évasions réussies de la maison d’arrêt de Nice. Ce fut le cas le 20 juillet 1987. En ce dimanche après-midi, il vit un hélicoptère stationner dans les airs au dessus de la prison. Philippe Truc, truand de 31 ans, s’accrocha à une corde lancée de l’appareil qui disparut  dans le ciel salué par des applaudissements de détenus. Philippe Truc et son complice furent interpellés vingt quatre heures après à Cagnes-sur-Mer : deux adolescents  les avaient repérés à leur descente d’hélicoptère !
Les anecdotes fourmillent. Marcel Diavoloni, dit « Marcel le Bègue », considéré comme le parrain du milieu niçois, organisa en 1985 un grand concours de pétanque auquel participèrent  détenus et surveillants. Le concours s’est achevé en apothéose par un grand banquet financé par Marcel Diavoloni. D’autres personnages hors du commun ont fait un séjour à la maison d’arrêt de Nice. Anthony Tannouri, milliardaire libanais, poursuivi pour de multiples escroqueries, participait à de fiévreuses parties de poker avec trois truands « il a accumulé les dettes. Elles ont atteint au final deux millions d’euros. Il n’a jamais casqué. Il s’est révélé plus malin dans la négociation que dans le jeu »
Au-delà des anecdotes, Roger-Louis Bianchini livre une peinture sans complaisance de l’univers carcéral qui ressemble parfois à une zone de libre-échange ultra libérale où la loi de l’offre et de la demande supplante celle de la République. Des téléphones portables, parfois des armes et des explosifs circulent dans certains établissements : tout le monde peut être complice : gardiens directeurs d’établissements, visiteurs, avocats magistrats.
Un univers où la violence s’exerce entre détenus mais également entre détenus et surveillants et parfois jusqu’à l’irrémédiable comme en témoigne l’assassinat d’un ancien directeur de prison, coupable d’avoir maté une mutinerie de manière trop brutale : «  Cette violence de tous les instants est la conséquence de l’évolution de la population carcérale qui mêle caïds, malades mentaux, candidats au suicide, drogués incontrôlables et mineurs multirécidivistes, embastillés pour des faits de plus en plus graves », souligne le journaliste qui signe là un de ses documents les plus aboutis.

Paul Barelli
Billet du Petit Niçois

 

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