PATRIMOINE HISTOIRE SECRÈTE - Du bon usage de l’histoire secrète durant la campagne présidentielle.
En ces temps de campagne électorale aux relents souvent nauséabonds, il s’avère judicieux, afin de relativiser certaines dérives, – la polémique sur les patrimoines de
Ségolène Royal (sa modeste masure de
Mougins près de
Nice) et
Nicolas Sarkozy (ses bonnes affaires de
Neuilly) - d’étudier l’histoire secrète récente. Celle qui ne se fait pas sur la place publique, mais dans les contre-allées du pouvoir, avec ses services spéciaux, ses complots, ses assassinats, ses scandales. L’histoire qui se trame dans l’ombre des services secrets permet de déchiffrer les événements clefs de notre époque.
Ainsi s’impose la lecture de «
L’histoire secrète de la Ve République » (La Découverte), un imposant volume de plus de 700 pages, réalisées sous la direction de
Jean Guisnel et Roger Faligot. Cet ouvrage fourmille de révélations sur les turpitudes de la République. Une escouade de journalistes d’investigation chevronnés :
Renaud Lecadre, François Malye, Martine Orange et Francis Zamponi dévoilent dans cette vaste fresque tous les dessous de l’histoire secrète. Des affres de la décolonisation sous
De Gaulle et Pompidou aux affaires financières qui ont jalonné les règnes de
Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac, en passant par les manœuvres méconnues des lobbies du nucléaire et de l’armement, ils montrent la force politique et économique de l’histoire occulte.Les auteurs publient la première liste exhaustive de la cinquantaine d’assassinats politiques commis en France sous la Ve. Depuis ceux du
juge Renaud (3 juillet 1975 à Lyon), du député giscardien
Jean de Broglie (24 décembre 1976 à Paris), jusqu’aux plus récentes « morts violentes » ou « ténébreux suicides ». Chaque « affaire » est décryptée sans complaisance.
Cette minutieuse étude de l’histoire secrète s’avère passionnante. On peut, cependant, regretter une vision, par moments, systématiquement négative selon laquelle la constitution de la Ve République, par les pouvoirs qu’elle donne au président, encouragerait les pratiques louches : « Les coordinateurs de l’ouvrage auraient-ils oublié l’histoire de la III e ou de la IV république ? », s’interroge
Jean Sévillia dans le
Figaro Magazine. À cette réserve près, cette plongée dans les souterrains de la Vème devrait figurer parmi les livres de chevets de tous ceux dont la curiosité est attisée par les zones d’ombre de l’histoire contemporaine.
Si vous souhaitez découvrir une autre face cachée, cette fois des principaux événements internationaux, nous vous recommandons les deux récents ouvrages de Gordon Thomas consacrés aux services secrets extérieurs israéliens, le
Mossad. Ils éclairent sous un jour nouveau la guerre en
Irak, le conflit du Proche-Orient et la menace iranienne.
Après «
L’histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours » (Points. 8,50 euros), avec « Les nouveaux défis du Mossad » (Nouveau Monde Éditions. 18 euros), Gordon Thomas, spécialiste sans égal des services secrets israéliens, nous livre le récit des combats contre le terrorisme international.
Il révèle la toile de fond des bouleversements actuels : affrontements entre le Mossad et le MI6 (services secrets anglais) et alliance entre le Mossad et les services secrets chinois pour voler aux États-Unis leurs secrets atomiques.
Gordon Thomas dévoile les nouveaux théâtres du combat contre
Al-Qaïda, en Europe mais aussi en
Amérique du Sud. Il décrit les progrès réalisés par cette nébuleuse dans l’acquisition d’armes chimiques et nucléaires.
Tout en dénonçant les complicités et les transferts de technologie atomique entre la
Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et l’Iran, il révèle les plans secrets israéliens pour détruire les installations nucléaires iraniennes en cas d’échec des négociations diplomatiques. Ce livre permet de décrypter tous les enjeux liés à l’arsenal nucléaire de l’Iran. Dans son précédent ouvrage, de référence, «
Histoire secrète du Mossad »,
Gordon Thomas qui n’élude pas les coups tordus de ce service, révèle son implication dans différents dossiers. C’est ainsi que les services secrets israéliens n’ignoraient rien des envois de fonds du
Vatican à Solidarnosc par le biais de détournements opérés, avec la bénédiction de la
CIA, au sein de banques proches du Saint Siège. En outre, c’est le
Mossad qui informa Jean Paul II qu’Ali Agça, auteur de l’attentat contre le Pape, avait été entraîné et manipulé par
Téhéran, Ce livre se lit d’une traite. Comme un polar.
Paul Barelli Billet du Petit Niçois