NICE La « Grande Confusion » un essai captivant INFORMATION - La « Grande Confusion » de Gérard Ayache; un captivant essai pour apprendre le monde de demain, préfacé par Bernard Asso, Professeur de droit à Nice.
Rares sont les ouvrages qui mettent en perspective notre société saturée d’informations, soumise à la dictature de l’immédiat. Tout un chacun est concerné. Du simple téléspectateur, lecteur de journaux, jusqu’au spécialiste de l’Internet. Et si vous souhaitez mieux comprendre notre époque et son futur proche, nous vous recommandons la lecture d’un remarquable essai : La Grande Confusion. Appel à la Révolution Humaine de Gérard Ayache (France Europe Édition). Une bouffée d’oxygène en ces temps de morosité. Ce chercheur observe depuis plus de trente ans les phénomènes de communication, de l’information et l’émergence des nouveaux médias. Après des études de Droit à Nice et de Science Politique à Paris, il enseigne la communication et l’information à l’Université de paris 1 - La Sorbonne. Ses recherches l’amènent à créer en 1978, l’institut Infométrie, organisme de recherche sur l’information qu’il dirige actuellement.
Dans cet ouvrage ambitieux, Gérard Ayache soutient que la confusion est le modèle de notre époque. C'est-à-dire la remise en question perpétuelle de nos plans de lecture et l’incapacité à percevoir notre situation réelle, à maîtriser notre espace temps, à nous situer dans notre propre histoire. Confronté aux menaces terroristes, psychoses aviaires, peurs climatiques, pauvretés embusquées, médias déboussolés, chaque être humain s’interroge sur son destin comme sur celui de son espèce. « L’uniformité des modèles économiques gagne sur tous les continents tandis que de grandes vagues de violences et de passions se soulèvent, modernité et barbarie se conjuguant dans les mêmes spasmes ».

Qu’on le déplore ou l’accepte, nous sommes désormais immergés dans « l’Hypermonde ». Indissociable du marché, porté par l’économie libérale, il absorbe, les États, les sociétés, les individus. Parallèlement à cet Hypermonde, un autre phénomène a émergé, la société de l’hyper-information : « une société, sans sens, soumise à la dictature de l’immédiat ». Comme le souligne, dans la préface, Bernard Asso. Professeur de droit à Nice, depuis longtemps il passe au crible les médias : « Gérard Ayache a compris que le monde désormais sans extérieur était confronté à l’implosion de la modernité et au totalitarisme de la technologie de l’immédiat ».

Qui n’a pas ressenti, sans être un expert, que depuis une dizaine d’années une révolution numérique est engagée. Gérard Ayache décrypte l’hyper-information qui « bouleverse la nature de notre rapport au monde, elle le réfracte en une multitude de combinaisons et d’images extraordinairement complexes ». Le chercheur constate qu’une des causes les plus visibles de la confusion de notre société est la multiplication des sources d’informations. Au passage, il se livre à une analyse pertinente de l’extension inouïe de l’Internet. La Toile, qui permet grâce aux blogs (espaces de paroles), « à chacun de devenir journaliste de soi, et de tout ce dont il a envie de témoigner », s’inscrit au cœur de l’hyper-Information.

Cette notion, ni régulée, ni contrôlée se traduit, en particulier par une surmédiatisation qui débouche sur « la fièvre mimétique ». Gérard Ayache prend un exemple. Il soutient que l’épisode dramatique qu’a connu la France, à l’automne 2005, dans la flambée des banlieues, trouve une de ses origines dans ce phénomène de « mimétisme » propre à l’hyper-information :

« Les acteurs de l’information-les jeunes des cités -se retrouvaient entraînés dans une course frénétique et insensée à la surenchère médiatique de leur propre violence ».

Le directeur d’Infométrie lance, par ailleurs, un appel, fort ambitieux à une autre approche du politique. Et de l’humain. Il ouvre, modestement, des pistes de réflexion pour que chacun d’entre nous opère une véritable « révolution humaine ». De toute façon, assure-t-il, elle est en train de se faire.

« Elle exige de chacun un immense effort pour se réapproprier le sens de sa propre histoire. Pour retrouver le temps de l’homme. Pour sortir de notre confusion et apprendre le monde dans lequel nous vivrons, dès demain matin ». La Révolution Humaine, prônée par Gérard Ayache n’est-elle qu’un rêve, une douce utopie ? Qu’importe. La lecture de cet essai est vivifiante.

Paul Barelli