NICE Le Roux, Audoye deux mères en quête de vérité AFFAIRE LE ROUX et AUDOYE - Renée Le Roux, Annie Audoye : deux mères en quête de vérité sur la disparition de leurs filles.

Tandis que Maurice Agnelet se démène devant la cour d’assise des Alpes-Maritimes, deux mères de famille échangent un bref regard. Comme si une poignante complicité les rapprochait. La destinée leur fait endurer le même drame : une existence brisée depuis la mystérieuse disparition de leurs filles. Annie Audoye qui est sans nouvelle de sa fille Marie-Hélène depuis le 21 mai 1991, est venue assister à plusieurs audiences du procès de Maurice Agnelet. Discrètement, elle a tenu à être présente pour apporter son « soutien » à Renée le Roux qui se bat depuis 29 ans pour connaître la vérité sur la disparition de sa fille Agnès.

Étrange similitude de parcours pour ces deux femmes de combat. Elles n’ont pas cessé de lutter avec une farouche énergie sans doute celle du désespoir, pour empêcher que les enquêtes sur les disparitions soient enterrées. Renée Le Roux confie que la présence d’Annie Audoye lui « fait chaud au cœur ». Ces deux mères se sont souvent heurtées à des obstacles similaires. Des dysfonctionnements, parfois des ratés ont émaillé les enquêtes initiales qui ont suivi la disparition de leurs filles.
Après la disparition d’Agnès Le Roux à la Toussaint 1977, sa mère, Renée, quand elle dépose plainte pour « séquestration », n’est pas prise au sérieux. L’enquête ne débute réellement que le 7 mars 1978 quand deux inspecteurs de la PJ perquisitionnent l’appartement d’Agnès à Nice. Ils découvrent un message manuscrit : « Désolée. Mon chemin est fini. Je m’arrête là. Tout est bien. Je veux que ce soit Maurice qui s’occupe de tout ». Agnès. Ce manuscrit laisse penser à un suicide, hypothèse rapidement écartée. Son répondeur téléphonique déborde de messages.

Parmi les proches, les enquêteurs s’intéressent à Maurice Agnelet, son amant qui n’a pas tenté de la joindre. L’avocat, pourtant, ne sera entendu sur le fond par la PJ qu’en septembre 1978, près d’un an après la disparition ! Et il faudra attendre 29 ans pour qu’il soit renvoyé devant la cour d’assise. Sans l’obstination de Renée Le Roux, l’ex avocat aurait échappé à la justice. Celle-ci lui rend d’ailleurs hommage : « par son acharnement, écrivent les magistrats de la chambre de l’instruction, elle n’a cessé de mettre en œuvre les procédures afin de rechercher sa fille ».

Le combat de Renée le Roux est « un modèle et un espoir pour tous les parents dont des enfants ont disparu », confie Annie Audoye. Elle se souvient de ce jour de septembre 1991 où l’ex PDG du Palais de la Méditerranée l’avait contactée. Annie Audoye avait loué un hélicoptère afin de tenter de retrouver la voiture de Marie Hélène, dans un ravin. « On ne sait jamais, si vous repérez une Range Rover celle d’Agnès, prévenez-moi », avait demandé Renée Le Roux. Preuve que ces mères sont à la recherche du moindre indice.

Il ne s’écoule pas un jour depuis le 21 mai 1991 sans qu’Annie Audoye ne songe à sa fille Marie-Hélène. Ce jour-là, cette très belle brune aux yeux verts avait 23 ans lorsqu’elle a disparu. C’était à 14H15 après sa visite à un pharmacien de Monaco, client de la jeune femme, représentante en pharmacie. « Je me suis glissée tout au long de ces quinze années dans les pas de ma fille », confie Annie Audoye.

Animée par une obstination comparable à Renée le Roux, elle s’est engagée dans une véritable croisade. Elle a remué ciel et terre pour relancer les investigations. Depuis 2002 un début de piste est apparu. Plusieurs éléments tendent à démontrer que, Marie-Hélène, partie de Monaco est revenue à son domicile de Cagnes-sur-mer. L’enquête s’est orientée sur l’entourage immédiat de la jeune femme. Annie Audoye est convaincue que sa fille a été victime d’une vengeance amoureuse fomentée par une rivale. Cette dernière, interrogée comme témoin assisté s’est dit étrangère à la disparition. Les éléments recueillis par les enquêteurs s’avèrent troublants. Pas suffisants, toutefois pour déboucher sur une mise en examen. Annie Audoye n’est pas prête de renoncer. Et lance, à nouveau un appel à toute personne susceptible de fournir des renseignements (04 92 91 06 23). Pour elle, comme pour Renée Le Roux la présence de Maurice Agnelet dans le box des accusés, c’est un pas de plus vers la vérité.
 
 Paul Barelli
 

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