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NICE Le PROCUREUR Éric de Montgolfier au pays des citoyens perdus.JUSTICE - Et si un jour Éric de Montgolfier se décidait à tenter une incursion dans l’arène politique ? Dans cette hypothèse, certes prématurée, il y a fort à parier que maintes formations tenteraient de profiter de ses qualités oratoires. Subtil et redoutable débatteur, le procureur de Nice allie l’art de l’esquive - confronté à des questions trop directes, à la savante maîtrise des répliques. Éric de Montgolfier s’est livré, avec délectation, au jeu des questions/réponses à la Fnac Riviera le 23 novembre devant un très nombreux public, avide de pouvoir questionner l’auteur du « devoir de déplaire » (Michel Lafon).

En lever de rideau, le procureur s’est trouvé confronté aux questions de deux journalistes, Dominique Antoni, Directeur de France Bleu Azur, président du Club de la Presse Méditerranée 06 et de Pascal Gaymard que les lecteurs du Petit Niçois connaissent bien. Ils n’ont pas manqué de le questionner sur ses relations avec les journalistes : « un contrat entre gens honnêtes. La presse est le vecteur idéal de la démocratie. C’est un accès nécessaire à l’information donc de l’obligation d’informer, mais sans aller trop vite dans sa course au scoop ».

Après ces bonnes paroles, le magistrat a su, habilement, esquiver une question portant sur l’insécurité à Nice. Ses adversaires lui reprochent de s’intéresser aux « puissants » mais pas du tout à la violence quotidienne dans les quartiers difficiles : « Quand je m’attaque à certains, les plus puissants qui devraient donner l’exemple, je m’entends dire : si vous vous occupiez d’autre chose. C’est aussi un aveu de leur part. Depuis trente ans, quand je m’occupe de quelqu’un qui viole la loi, je suis habitué à entendre- si vous vous occupiez de quelqu’un d’autre ».En revanche, Éric de Montgolfier ne s’est pas dérobé aux questions portant sur « l’affaire Johnny Hallyday », qui a été innocenté d’un viol dont l’accusait une jeune femme. Rappelant la fameuse présomption d’innocence, le procureur a répliqué : « Au terme de la procédure, j’ai requis une décision de non lieu, faute de charges suffisantes, je ne le regrette pas. La seule chose que je regrette ce sont les voix publiques qui se sont élevées pour dire il est innocent. François Mitterrand l’avait fait pour Bernard Tapie ».

Quant aux rapports des citoyens avec l’institution judiciaire, le procureur s’insurge contre une dérive actuelle qui consiste à systématiquement contester les décisions de justice. Paradoxalement, des citoyens de plus en plus nombreux, ont recours à elle afin de régler des problèmes qui ne relèvent pas de sa compétence. Un litige au sein d’une association : « On ne sait plus que faire, alors on va voir le juge. Je crois que nous sommes en France le pays des citoyens perdus ».

Applaudissements. Le magistrat s’est livré à une subtile analyse du rôle du juge dans notre société. Éric de Montgolfier sait se montrer didactique. Évoquant la formation des magistrats à l’issue de laquelle des jeunes gens ou des jeunes filles inexpérimentés deviennent juges d’instruction, dotés du terrible pouvoir d’incarcération : il ne s’est pas dérobé. Il prône un système dans lequel les personnes désirant être magistrats suivraient une formation commune, avec les avocats, à l’issue de laquelle ils ne pourraient devenir que magistrats du parquet, chargés de porter l’accusation. Ils n’accéderaient à la fonction de juge qu’à l’issue d’une expérience d’une dizaine d’années.

À propos du naufrage judiciaire d’Outreau et du juge Burgaud, Éric de Montgolfier a estimé : « il est aussi victime d’un système même si la manière dont il a pu remplir ses attributions a pu entraîner d’autres victimes. N’en faisons pas un bouc émissaire. Il est tributaire d’un système qu’on laisse prospérer ». Le procureur met en cause le statut du juge d’instruction. Il se montre favorable à une procédure accusatoire inspirée de celle pratiquée dans les pays anglo-saxons. Ainsi, le procureur conduirait toutes les enquêtes. « Il rechercherait les preuves dans le cadre d’un vrai débat contradictoire plus ouvert qu’actuellement, entre la défense, la victime et lui, la partie publique. »

Sur la question, qui brûle toutes les lèvres, de son avenir après sept années en fonction à Nice, Éric de Montgolfier a esquivé : « Contrairement à ce que l’on peut penser, je me sens bien à Nice ! ».

Paul Barelli



 

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